Ce n’est pas souvent qu’un poème est parachuté à des milliers d’exemplaires par une armée étrangère dans un pays occupé.
C’est ce qui arrive en 1942 à « Liberté, j’écris ton nom », composé par Éluard autant en l’honneur de sa femme Nusch que… de la liberté. Pour lui, l’amour est le lien entre l’homme et l’univers. Il s’adresse à la liberté comme à une amante. Le ton et la fin pleine d’espoir du poème expliquent qu’il se diffuse en 1942 à la vitesse… d’Internet, en France, en Suisse, en Algérie et dans les pays alliés.
– Eugène Grindel – qui adoptera vingt ans plus tard le prénom Paul et le nom de sa grand-mère – naît en 1895 46 bd Jules-Guesde à Saint-Denis, sans doute au premier étage gauche sur cour.
– La famille déménage souvent.
1906 : 4 bis rue du 4 septembre à Aulnay ; en 1908-09 : 58 rue du Faubourg-Saint-Denis à Paris ; 43 rue Louis-Blanc en 1910-12 ; puis 3 rue Ordener (1er étage de l’escalier du milieu). En 1912, 13 et 14, Eugène séjourne en sanatorium pour soigner une hémoptysie et en profite pour lire, écrire des poèmes et faire la connaissance de Gala, une jeune étudiante russe.
Il est mobilisé en 1914, de même que son père. Il épouse Gala en février 1917.
– Démobilisé, il emménage au-dessus de ses parents, au 4ème étage de la rue Ordener, et commence à fréquenter les surréalistes et Dada.
– Il occupe de 1922 à 24 une maison de son père, à Saint-Brice-sous-Forêt, 3 bis rue Chaussée près de l’église (la maison au balcon existe encore, mais pas en très bon état). L’équipe des surréalistes s’y retrouve régulièrement. Un jour, Desnos, après une séance d’écriture automatique, poursuit Éluard dans le jardin, un couteau à la main. Max Ernst est souvent à Saint-Brice. Il immortalise le groupe dans son tableau Au rendez-vous des amis.
Paul n’a pas de soucis financiers, son père faisant des affaires dans l’immobilier et y associant son fils. Il fait imprimer ses poèmes et achète des tableaux. Grindel père et fils participent à des opérations de construction et Paul nomme des rues d’Aubervilliers et de Saint-Denis de noms de poètes.
– Fin 1924, après une escapade de six mois autour du monde provoquée par des tensions avec Ernst au sujet de Gala, Éluard s’installe avec Gala, Ernst et sa famille dans une belle maison, 4 avenue Hennocque à Eaubonne, non loin de Saint-Brice.
– Entre 1923 et 1940, les parents Grindel possèdent à quelques kilomètres une demeure à Montlignon, 18 bd Armand-Hayem et 22 rue des Écoles. Paul y emmène souvent famille et amis.
– À partir de 1924 et jusqu’à 1931, il occupe aussi un atelier à Paris, au 3ème étage du 42 rue Fontaine, dans le même immeuble que Breton. À la fin des années 20, Gala se rapproche de Salvador Dali et Éluard de Nusch, une jeune artiste-médium qu’il épouse en 1934.
– De 1932 à 34, son port d’attache est le 1er étage du 7 rue Becquerel à Montmartre, puis le 5ème étage du 54 rue Legendre. Les étés le voient souvent sur la Côte d’Azur (Nice en 1935, 14 rue de Massingy).
– Conférences, expositions, appels : il est, avec Breton, Picasso et de nombreux autres, de beaucoup d’actions militantes anti-fascistes. En janvier-février 1938, c’est l’Exposition internationale du Surréalisme, 140 rue du Faubourg Saint-Honoré.
– Il s’installe en 1938 au Pecq près de Versailles, dans la villa Maison grise, 8 allée du Perruchet.
– Il est mobilisé pour sa seconde guerre en septembre 1939. Démobilisé, il emménage fin 1940 au 3ème étage droite du 35 rue de La Chapelle, devenue rue Max-Dormoy. C’est son adresse officielle jusqu’à 1952, hors les moments de clandestinité des années d’occupation.
Au printemps 1942, il adhère au parti communiste clandestin. Comme beaucoup d’autres, le pacte germano-soviétique l’a destabilisé, mais à partir de juin 1941, c’est la guerre entre l’Allemagne et l’URSS. Et l’appel de de Gaulle en juin 1940 ? Ce n’est pas un vieux surréaliste comme Éluard qui allait s’enthousiasmer pour un général…
Il commence à écrire pour la Résistance sous des noms d’emprunt, en même temps qu’il écrit, mais de moins en moins, pour des revues visées par la censure allemande.
– Début 1942, il est à Vézelay, où il croise Romain Rolland.
– À Paris, ses planques sont 19 rue de Tournon, chez Lucien Scheler, 53 bis quai des Grands-Augustins, chez Michel Leiris, ou 14 rue du Dragon, chez Christian Zervos. En avril 42, il a écrit le poème « Liberté, j’écris ton nom ». Il est l’animateur du Comité National des Ecrivains résistants pour la zone nord.
L’après-guerre le voit encore très actif au sein du parti communiste, participant à des conférences pacifistes à travers le monde.
– Au début des années 50, il s’installe à Charenton-le-Pont, 52 av. de Gravelle, où il décède en novembre 1952.
Pour visiter le lieu
Le musée d’art et d’histoire de la ville de Saint-Denis (22 bis rue Gabriel Péri, 93200 Saint-Denis, tél. : 01 42 43 05 10) possède un fonds Paul Éluard.
À voir aux alentours
Autour de Saint-Brice :
– Edith Wharton à Saint-Brice et Eaubonne,
– Eugène Sue à Bouqueval et Saint-Brice,
– Rousseau à Montmorency,
– Les Goncourt, Dumas, Gautier, etc. chez la Princesse Mathilde à Saint-Gratien,
– Anna de Noailles à Epinay-Champlâtreux,
– Gérard de Nerval à Mortefontaine,
– Benjamin Constant à Hérivaux (Luzarches).
Petite bibliographie
Demeures du temps retrouvé. Albert Fournier, Les Éditeurs français réunis, 1971.
Revue Vivre en Val d’Oise n°10, novembre 1991.
Balade en Val d’Oise sur les pas des écrivains. Marie-Noëlle Craissati, Éditions Alexandrines.