Jules et Edmond de GONCOURT

La maison d'Auteuil.
La maison d’Auteuil.
« L’affaiblissement de la volonté, habituel objet de l’étude des frères Goncourt, c’est vraiment la maladie du siècle. »
Paul Bourget, 1885.

« Tout le naturalisme, en sa partie populaire, vient de Germinie Lacerteux. »
Rémy de Gourmont, Revue des Revues, 1er août 1896.

« On ne saura jamais avec notre timidité naturelle, notre malaise au milieu de la plèbe, notre horreur de la canaille, combien le vilain et laid document avec lequel nous avons construit nos livres nous a coûté. »
Edmond de Goncourt, Journal, 22 août 1875.

Si Jules et Edmond de Goncourt sont encore un peu connus aujourd’hui, c’est bien sûr grâce au Prix né en 1903 des dernières volontés d’Edmond, grâce à leur Journal – mine inépuisable d’observations pour leur production romanesque – et, plus largement, par le fait que rares sont les auteurs qui écrivent à quatre mains issues du même père (si l’on peut dire). Il y a bien les soeurs Brontë, mais elles n’ont pas d’oeuvre commune.

C’est aussi, mais on l’a oublié aujourd’hui, parce que les deux frères (malheureusement après la mort prématurée de Jules) ont révolutionné les lettres des années 1860-80 en ouvrant la voie au naturalisme.

– Edmond naît à Nancy en 1822 d’un père ancien officier d’Empire. Jules voit le jour à Paris huit ans plus tard. Leur enfance se déroule à Neufchâteau, dans les Vosges (2, place Jeanne-d’Arc) et à Paris (22 rue Rossini). Leur père décède en 1834, leur mère en 1848.
– La famille habite entre 1838 et 1849 au 14 rue des Capucines.

Edmond s’oriente vers le droit pendant que Jules écrit un petit drame.
– En 1849, ils dessinent à travers la France et l’Algérie.
– En 1849, les deux frères s’installent 43 rue Saint-Georges (d’abord au rez-de-chaussée, qu’ils quitteront plus tard pour le 3ème étage au fond de la cour).
Ils viennent d’hériter de leur mère. Leurs quelques tentatives dans l’art dramatiques ne sont pas bien fructueuses. Ils s’essaient à un premier roman En 18.., dont la parution, début décembre 1851, est masquée par le Coup d’Etat.

Avec un cousin, ils fondent immédiatement un hebdomadaire et un quotidien consacrés au théâtre et aux lettres, basés 1 rue Laffite.

C’est rue Saint-Georges que naît toute la production commune aux deux frères. Le quartier leur propose tous les jours de nouveaux modèles pour leur romans. Dans leur immeuble habite Adolphe Sax, l’inventeur du saxophone. Au 60 vit Gavarni, qui peint les lorettes des alentours et contribue sans doute au goût des deux frères pour le dessin et l’aquarelle.

Les années 1860 voient leurs romans couronnés d’un certain succès, tel Germinie Lacerteux en 1865, le récit « naturaliste » d’une domestique qui finit alcoolique et poitrinaire sur un lit d’hôpital[[Ce roman était l’un des favoris de Van Gogh, qui l’a reproduit en 1887 dans son tableau « Nature morte avec statuette en plâtre et livres ».]], et encore plus Renée Mauperin (1864), davantage appréciée du public car plus pure et plus héroïque.

Zola, employé de la librairie Hachette entre 1862 et 66, dévore les oeuvres des Goncourt.
– En 1868, à la recherche d’un peu de calme et de verdure, ils s’exilent à quelques kilomètres de là, dans ce qui était la campagne et a maintenant intégré Paris : Auteuil. Une première maison, près du Parc des Princes, leur « passe sous le nez ». Ils échouent finalement 53 (aujourd’hui 67) avenue de Montmorency. Jules n’en profitera pas beaucoup car il décède de syphilis en 1870.

Cette maison qui ne possède pas l’eau courante, qu’Edmond pare d’objets de brocante et décrit sur six cents pages dans La maison d’un artiste, donne une nouvelle noblesse à la pièce du second étage où il reçoit le dimanche après-midi Zola, Daudet, Maupassant, Huysmans, Gautier,… : le grenier.

Après un bain trop froid, Edmont meurt, en juillet 1896, dans les bras d’Alphonse Daudet à Champrosay.

Autres demeures de l’auteur

En 1865, les frères Goncourt séjournent en juin et octobre à Barbizon (lieu de dépaysement apprécié des artistes et écrivains car… dépaysant et peu coûteux). A l’auberge Ganne, dans la rue principale, ils trouvent les modèles et le décor de Manette Salomon, l’histoire des ravages causés par une femme dans une colonie d’artistes.

Pour visiter le lieu

Des lieux habités ou fréquentés par les Goncourt, seule est ouverte au public l’auberge Ganne à Barbizon.

Petite bibliographie

La maison d’un artiste. Edmond de Goncourt.

La Nouvelle Athènes. Promenade littéraire entre la Trinité et la place Saint-Georges. Le promeneur des Lettres (tél. 01 40 50 30 95).

Les Goncourt à Barbizon. L’auberge de « Manette Salomon ». Article de Raymond Lécuyer dans Demeures inspirées et sites romanesques, tome I, Editions de l’Illustration. Raymond Lécuyer et Paul-Emile Cadilhac.

Cahiers Edmond et Jules Goncourt, édités chaque année par la Société des Amis des frères Goncourt.

8 Comments

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  1. 1
    Bibliothèque-Médiathèque Goncourt de Bar-sur-Seine

    > Jules et Edmond de GONCOURT à Paris et Auteuil
    Je tiens à vous signaler que les deux frères Goncourt sont venus en vacances à Bar-sur-Seine, pendant plus de trente ans, chez leur cousin Eugène Labille. Edmond de Goncourt en parle à de nombreuses reprises dans son Journal. La maison existe toujours. Et le cousin Labille est enterré dans le cimetière de la ville.
    Nous avons d’ailleurs écrit un livre sur ce thème : les frères Goncourt à Bar-sur-Seine. Le titre de l’ouvrage s’intitule Sur les pas des Goncourt, les auteurs sont Françoise Weinling, Bruno Duvivier, Cathy Mayeur (moi-même), l’éditeur est l’imprimerie Némont et il a été publié en 2001 à l’occasion de l’ouverture de la Bibliothèque-médiathèque de la ville qui porte le nom de bibliothèque-médiathèque Goncourt. L’inauguration a eu lieu en présence M. François Nourrissier alors président de l’Acaddémie Goncourt et de M. Robert Sabatier.
    Nous organisons régulièrement des expositions où conférences sur les frères Goncourt. Ainsi cette année dans le cadre du mois du patrimoine écrit, nous organisons une exposition autour des écrivains naturalistes aubois : les frères Goncourt et Louis DEsprez et le vendredi 17 septembre à 18h30 aura lieu un diaporama présentant Bar-sur-Seine, tel que les frères Goncourt ont pu le connaître. Le samedi 18 et le dimanche 19 septembre à 15h, une visite sur les principaux lieu décrits dans leur journal par les frères Goncourt est organisée dans les rues de la ville.

    Cordialement

    Cathy Mayeur, responsable de la bibliothèque-Médiathèque Goncourt

    • 2
      JCS

      > Jules et Edmond de GONCOURT à Paris et Auteuil
      Merci beaucoup pour toutes ces infos ! Cordialement, JCS

    • 3
      pascal

      > Jules et Edmond de GONCOURT à Paris et Auteuil
      « Ils prirent la résolution de livrer leur vie tout à l’art.
      En juin 1849, ils partirent de Bar-sur-Seine pour un long tour de France , le sac sur le dos : Jules si imberbe, si blanc, si mignon sous sa blouse blanche que, dans les auberges, des servantes le prirent pour une femme qui se faisait enlever. »

      ceci est un extrait du catalogue de Philippe Burty de 1876 extrait que vous trouverez sur mon blog

      cordialement
      Pascal

      • 4
        Anonyme

        > Jules et Edmond de GONCOURT à Paris et Auteuil
        Les freres Goncourt dans leur tour de france ne se sont ils pas arreter a grez sur loing ? ne se sont ils pas essayer a la ceramique ?

    • 5
      pouillart

      > Jules et Edmond de GONCOURT à Paris et Auteuil
      POUR MADAME LA RESPONSABLE DE LA MEDIATHEQUE DE BAR SUR SEINE :
      MADAME,
      MERCI DE ME TENIR AU COURANT DE VOS EXPOS ET INITIATIVES AUTOUR DES FRERES GONCOURT : CETTE PERIODE M’INTERESSE : J’EFFECTUE DES RECHERCHES SUR ACHILLE LAVIARDE 1841 1902 DEUXIEME ROI DE PATAGONIE, AMI DE J L FORAIN, VERLAINE. ANTOINE CROS, FRERE DE L’INVENTEUR ET POETE CHARLES CROS,LUI SUCCEDERA.
      POUR INFO JE SUIS UN AMI DE BERNARD VASSOR QUI FAIT DE L’EXCELLENT TRAVAIL SUR PARIS AVEC SON ASSOCIATION  » AUTOUR DU PERE TANGUY »
      SALUTATIONS DISTINGUEES.
      ALAIN POUILLART REIMS 03 26 82 21 14

  2. 6
    Bernard Vassor

    > Jules et Edmond de GONCOURT
    Petites précisions concernant la rue Saint Georges:
    Leur appartement était si au 4°étage sur rue, leurs fenêtres donnant sur le 52 de cette même rue ( où Jules pouvait échanger des oeillades avec une cotesse en cachette de son mari ..)
    Les ateliers et salons salles de concerts Sax (Charles-Joseph dit Adolphe) Dinant 1814, Paris 1865; qui avait également un atelier de fabication 5 rue Lallier.
    Au 1 rue Laffitte c’est au Journal « Paris » proriété de leur cousin que les frères collaboreront. Les bureaux et la rédaction étaient dans la cour de cet immeuble prestigieux qui abritait « La Maison Dorée ».
    Alexandre Dumas après la disparition du « Paris », fera paraître son « Mousquetaire dans les mêmes locaux.

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