Edith WHARTON

La maison de Saint-Brice.
La maison de Saint-Brice.

On a l’impression que dans les récits d’Edith Wharton comme dans ceux d’Henry James, son maître et fidèle correspondant, la plus grande aventure que vivent ses personnages consiste à passer d’une pièce à une autre.
Mais elle eut comme admirateurs London, Conrad et Francis Scott Fitzgerald, des écrivains pour qui l’aventure signifie plus que cela. Alors ? Leurs points communs : l’attention portée au style, les tempêtes qui se devinent sous le crâne de leurs héros et provoquent soit l’acte violent soit un silence encore plus violent…

Adolescente, Edith (née en 1862 à New-York) n’a pas le droit de lire de romans, mais seulement les « classiques ». En 1878, sa mère paie l’édition (anonyme…) de son premier recueil de poèmes, bien que ses parents, en bonne famille de la haute bourgeoisie de new-yorkaise, ne voient pas d’un bon oeil leur fille utiliser à de telles fins ses dons intellectuels (elle parle par exemple plusieurs langues).

Alors Edith va faire un effort… se fiancer en 1880, mais rompre ses fiançailles, puis se lier avec Walter Berry, un grand connaisseur de la littérature française… et se marier finalement, en 1885, avec… Edward (Teddy) Wharton, fragile rentier avec qui elle ne partage rien (ils se séparent en 1913).

L’écriture et les mondanités la distraient de cette vie familiale triste et sans enfants. Edith s’installe à Paris en 1906 pour se rapprocher de la civilisation. Elle habite place des Etats-Unis (bien sûr !).

En 1910, elle emménage 53 rue de Varenne et y reçoit Paul Bourget, Anna de Noailles,…

Elle écrit là Le Temps de l’innocence, tableau cynique de la haute bourgeoisie américaine pour lequel elle reçoit le premier prix Pulitzer féminin en 1921, et Ethan Frome, belle description des milieux fermiers de Nouvelle-Angleterre.

C’est au Pavillon Colombe, 3/5 rue Edith Wharton à Saint-Brice-sous-Forêt, où elle vient de s’installer (à peu près au même moment, les Éluard s’installent non loin, 2 rue Chaussée), qu’elle relit la traduction française du Temps de l’innocence.

Aujourd’hui, la maison est toujours une massive grande batisse sur le bord de la route.

Edith, fervente décoratrice d’intérieur et de jardins, y a donné libre cours à son imagination. Elle décède ici en 1937.

Autres demeures de l’auteur

Au début de l’hiver 1919, Edith Wharton descend à l’hôtel du Parc à Hyères. Elle s’intéresse aux restes d’un ancien couvent, dont elle va faire sa demeure hivernale : la villa Sainte-Claire-du-Vieux-Château, près du chalet La Solitude occupé par les Stevenson en 1884.
Les Huxley sont des voisins très intimes.

A la villa Sainte-Claire en avril 1921, Edith Wharton présente Joseph Conrad à Paul Bourget.The Mount est la maison d’été que les Wharton font construire en 1901, près de Lenox au Massachusetts, et qui existe encore aujourd’hui. Non loin, Hawthorne a écrit les Tanglewood Tales.

Dans la campagne du Massachusetts, Edith découvre la vie des petites gens, qu’elle décrit ensuite dans Ethan Frome (1911) et Été (1917).

À voir aux alentours

Autour de Saint-Brice :

– Éluard à Saint-Brice et Eaubonne,
– Eugène Sue à Bouqueval et Saint-Brice,
– Rousseau à Montmorency,
– Les Goncourt, Dumas, Gautier, etc. chez la Princesse Mathilde à Saint-Gratien,
– Anna de Noailles à Epinay-Champlâtreux,
– Gérard de Nerval à Mortefontaine,
– Benjamin Constant à Hérivaux (Luzarches).

Autour de Hyères :

– Fitzgerald à Saint-Raphaël, Cannes, etc.
– Hemingway à Juan-les-Pins,
– Marcel Pagnol, Isabelle Eberhardt, Conrad à Marseille,
– Stefan Zweig à Marseille et Nice,
– Gaston Leroux à Menton et Nice,
– Jean Cocteau à Menton,
– Gogol à Nice,
– Maupassant à Antibes et Cannes,
– Nabokov à Cannes,
– Mann et Huxley à Sanary,
– Wells à Magagnosc,
– Alphonse Daudet à Nîmes et Fontvieille,
– Mallarmé à Avignon,
– Giono à Manosque,
– Frédéric Mistral à Maillane,
– Vauvenargues à Vauvenargues,
– Blaise Cendrars à Aix-en-Provence,
– Alexandra David-Neel à Digne,
– Paul Valéry à Sète,
– Colette à La Treille Muscate (Saint-Tropez),
– Prévert, Bernanos à Toulon,

Petite bibliographie

Edith Wharton, a biography. R. W. B. Lewis, Constable, 1975.

Les chemins parcourus (A backward glance). Edith Wharton, Editions 10/18, 382 p., 50 F. (7,62 E)

Balade en Val d’Oise sur les pas des écrivains. Marie-Noëlle Craissati. Éditions Alexandrines.

La côte d’Azur des écrivains. Christian Arthaud, Eric L. Paul, Edisud, 1999.

A motor-flight through France. Edith Wharton, 1908.

La bibliothèque Beinecke de l’Université de Yale conserve un fonds de manuscrits et de lettres.