Paul BOURGET à Paris, Hyères et ailleurs

« Ce que Claude Bernard faisait avec ses chiens, ce que Pasteur fait avec ses lapins, nous devons le faire, nous, avec notre cœur, et lui injecter tous les virus de l’âme humaine. Nous devons avoir éprouvé, ne fût-ce qu’une heure, les mille émotions dont peut vibrer l’homme, notre semblable. »

Paul Bourget

Le Plantier de Costebelle
Le Plantier de Costebelle

Paul Bourget n’est guère lu et édité de nos jours. L’ouverture récente au public de sa belle propriété du Plantier de Costebelle à Hyères est l’occasion de découvrir ou redécouvrir la vie et l’œuvre de ce romancier, ainsi que l’époque qui, au tournant du XIXe et du XXe siècle, a vu le succès de ce maître du « roman d’idées » (ou « roman psychologique » ou « roman à thèse », selon les appellations).

Quand Bourget achète le Plantier en 1896, il est déjà académicien et célèbre. La propriété et son parc magnifique labellisé « jardin remarquable » ont vu passer beaucoup de personnalités et d’écrivains : Maurice Barrès, Joseph Conrad, André Gide, Pierre Benoit, Francis Carco, José Maria de Hérédia, Henry James, Edith Wharton qui vient en voisine, etc.

Les romans de Bourget sont des best-sellers dans les années 1880-1890. Il déploie en particulier tout son savoir-faire dans Le disciple (1889), où, à l’intention des jeunes de 18 ans à 25 ans à qui il adresse le livre, il analyse la responsabilité morale de l’écrivain face aux conséquences de ses écrits.

Le disciple raconte l’histoire de Robert Greslou, jeune disciple d’Adrien Sixte, philosophe matérialiste. Issu d’un milieu modeste et incapable de maîtriser le savoir dispensé par son maître, Greslou s’égare et est accusé de meurtre. Tout cela finira mal.

Bourget bat ainsi en brèche la doctrine de la liberté du créateur et de « l’art pour l’art », qui place l’œuvre au-dessus de toute préoccupation morale.

« Peu d’ouvrages de cette nature, note un de ses contemporains, ont eu sur les esprits, sur les âmes et sur les consciences mêmes, pareille action, ont déterminé pareil ébranlement. » Le lecteur d’aujourd’hui du Disciple ne peut être insensible au talent de Bourget lorsqu’il décrit la psychologie humaine, et à son grand talent de tisseur d’intrigues.

Dans ses Essais publiés en 1883, il décortique Baudelaire, Stendhal, Dumas, Tourgueniev et d’autres, et élabore sa théorie de la décadence, dont il estime la France atteinte depuis le début du Second Empire. La responsabilité en incombe selon lui aux auteurs qui ont distillé le pessimisme et « une mortelle fatigue de vivre » (Flaubert, Baudelaire et, à ses yeux, beaucoup d’autres), mais aussi à la science, au cosmopolitisme, au suffrage universel, qui ont détourné les Français de l’unité politique, nationale et religieuse. Dans les années 1890, Bourget évolue ouvertement vers le traditionalisme politique, social et religieux. De moraliste, il devient moralisateur. Il estime que le maintien d’une hiérarchie sociale est nécessaire, et s’en fait le héraut.

Sources

La longue notice de Wikipedia sur Paul Bourget,

Les Voix de la liberté. Les écrivains engagés au XIXe siècle, Michel Winock, éditions du Seuil.

Pour visiter Le Plantier de Costebelle à Hyères :

Le Plantier de Costebelle, 714 avenue de la Font des Horts, 83400 Hyères.

Contact : Tél. : 06 76 87 01 56 ; Fax : 04 91 76 56 64 ; famillelugagne@club-internet.fr.

Voici quelques autres adresses où a vécu ou séjourné Paul Bourget :
– il naît à Amiens
– il passe son enfance et son adolescence à Clermont-Ferrand, de 1854 à 1867. Il est élève au lycée Blaise-Pascal et habite 3 cours Sablon et au Palais des Facultés quand son père, Justin Bourget, est nommé recteur. Clermont est un des décors du Disciple.
– il emménage en 1894 à Paris, au second étage du 20 rue Barbet-de-Jouy, où il vivra jusqu’à sa mort,
– il fréquentait de nombreux salons parisiens, entre autres celui de Madame Kann au 33 rue de Monceau,
– Paul Bourget a été Président du Collège des conservateurs du Domaine de Chantilly de 1922 à sa mort, en 1935, en tant que membre de l’Académie française. Il disposait d’un appartement de fonction dans le bâtiment situé sur la terrasse du château et appelé « Château d’Enghien »,
– il est venu à Hyères pour la première fois en 1889 et a écrit Un cœur de femme à l’Hôtel des Iles d’Or,
– il a vécu ses derniers mois à la maison de santé des Frères Saint-Jean-de-Dieu, rue Oudinot, à Paris.

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