Début 1842. Balzac apprend la mort du comte Hanski.
Depuis huit ans, il rêve d’épouser Evelyne Hanska. Elle n’acceptera que l’année de sa mort, en 1850.
Du côté finances, c’est aussi peu encourageant : d’investissements infructueux (aux Jardies, à Sèvres) en échecs de projets dans la presse ou le théâtre, Balzac ne parvient pas à éloigner les huissiers, toujours aussi vifs à le poursuivre…
Alors, rue Raynouard, sur sa petite table que l’on y voit encore aujourd’hui, il se remet à l’écriture. Couché le soir à sept heures, levé à trois heures du matin, il commence la rédaction de Un début dans la vie.
Sa soeur, Laure Surville, lui a fourni la trame d’une histoire qu’il transforme en nouvelle puis en un roman-feuilleton qui paraît dans un nouveau journal, La Législature, entre juillet et septembre 1842. Pour rassurer quelques créanciers, Balzac se dépêche de le faire ensuite publier en librairie (juin 1844).
Le grand public ne remarque guère Un début dans la vie (Eugène Sue et ses Mystères de Paris éclipsent alors tous les autres feuilletons), et les critiques reprochent à Balzac de vouloir concurrencer la littérature populaire !
Pourtant, du plat récit de sa soeur, il a fait un tableau de caractères où la peinture sociale et historique le disputent à l’analyse psychologique, à l’humour et au suspense.
De Paris à Presles, la première partie du roman se déroule en 1822 dans la diligence de Pierrotin (presque six heures pour faire Paris-L’Isle-Adam !). Chaque voyageur cache sa réelle identité : le comte de Sérisy, venu constater les malversations financières de son régisseur Moreau ; le jeune Oscar, que Moreau doit initier aux affaires de la campagne ; le peintre Brideau et son élève Mistigri, qui vont décorer le château du comte ; le père Léger (qui ne l’est pas), complice de Moreau dans une opération de vente de ferme destinée à nuire au comte ; Georges, clerc de notaire venant faire signer par le comte l’acte de vente de la ferme.
Tous, sauf le comte et Brideau, se trahissent par leur imprudence ou leur vanité. Arrivés au château de Presles, ils comprennent, ainsi que Moreau, qu’il ne leur sera pas donné une seconde chance de prouver leur honnêteté.
… Par hasard, quinze ans plus tard, ils referont ensemble la même route conduits par Pierrotin, ayant tous sauf Georges (mais même Moreau) grandi en honneurs, en richesse et en sagesse. Miracle, optimisme ou cynisme de Balzac ?
Dans le roman, Balzac décrit très fidèlement un décor dans lequel il a passé ses étés de 1817 à 1819, résidant chez un ami de son père, Villers La Faye, maire de L’Isle-Adam (11 bis Grande rue du quartier de Nogent).
En 1845, il décide d’incorporer Un début dans la vie à La Comédie humaine, dans le tome IV des Scènes de la vie privée.
Autres demeures de l’auteur
Parmi les nombreux lieux où Balzac a également habité, citons Grez-sur-Loing, Paris, Saché, Saint-Cyr-sur-Loire.
Pour visiter le lieu
Le château de Presles n’est pas ouvert à la visite.
La maison de Villers de la Faye rue de Nogent à l’Isle-Adam a été bien transformée depuis.
Quelqu’un à contacter ?
La Société des Amis d’Honoré de Balzac et de la Maison de Balzac, qui a son siège rue Raynouard (47 rue Raynouard, 75016 Paris, tél : 01 42 24 56 38), publie chaque trimestre Le Courrier balzacien et organise régulièrement des conférences-débats : les Samedis de la Maison de Balzac.
À voir aux alentours
Présences littéraires proches :
– Bernanos et Martin du Gard à Clermont,
– Carco à l’Isle-Adam,
– François Coppée à Auvers-sur-Oise,
– La Comtesse de Ségur à Méry-sur-Oise,
– Georges Duhamel à La Naze (Valmondois),
– Anna de Noailles à Epinay-Champlâtreux,
– Mauriac à Vémars,
– Mirbeau à Cormeilles-en-Vexin,
– Bernardin de Saint-Pierre à Eragny,
– …
Petite bibliographie
Pèlerinages balzaciens aux environs de Paris. Article de Paul-Emile Cadilhac, in Demeures inspirées et sites romanesques, tome II, éditions de l’Illustration.
Article de Patrick Glâtre dans Balade en Val d’Oise sur les pas des écrivains. Marie-Noëlle Craissati. Éditions Alexandrines, 1999, 95 F.
Guide Balzac, Philippe Bruneau, Editions Hazan, 1997.
Un début dans la vie. Honoré de Balzac. GF-Flammarion n°613.