2ème balade parisienne sur les pas de Verlaine…

Après un premier itinéraire 500, nous revoici dans les années 1860 à 1890 avec Verlaine et son entourage, cette fois-ci du côté de Montmartre et des Batignolles.


1) L’église Notre-Dame-de-Clignancourt, 2 place Jules Joffrin, voit le mariage de Mathilde Mauté et Paul Verlaine le 11 août 1870. La guerre avec la Prusse dure depuis un mois, et le siège de Paris va commencer un mois plus tard.

2) Le 14 rue Nicolet est l’adresse de la famille Mauté, les beaux parents de Verlaine. En août 1871 Paul et Mathilde s’y installent, quittant leur appartement du 2 rue du Cardinal-Lemoine qu’il leur est devenu difficile de payer. Paul échappe à la chasse aux ex-Communards. Il est supposé chercher un nouvel emploi, mais l’arrivée rue Nicolet d’Arthur Rimbaud vers le 10 septembre bouleverse la situation. Deux semaines plus tard, les Mauté mettent un terme au séjour de celui qui a le chic pour se rendre indésirable, et part en volant un Christ en croix… qu’il rendra à Verlaine peu de temps après !

3) Reprenant les souvenirs d’Edmond Lepelletier Paul Verlaine, sa vie, son œuvre, Henri Troyat décrit dans son Verlaine comment le poète, réquisitionné un jour de 1867 par Lepelletier pour chanter dans une piécette de Charles de Sivry, impressionne tout son auditoire, au milieu duquel se trouvent les Mauté et leur fille Mathilde. La scène se déroule 19 rue Gabrielle chez les Berteaux, statuaires renommés.

4) Stéphane Mallarmé enseigne en 1885 l’anglais au collège Rollin (actuel lycée Jacques-Decour), 12 avenue Trudaine. L’un des élèves est Georges Verlaine, fils de Mathilde et Paul.

5) La Nouvelle Athènes, 9 place Pigalle, est un café fréquenté par Coppée, Verlaine, etc. à la fin des années 1860.

6) Victorine Meurent, le modèle de Manet et de sa célèbre Olympia, demeure 25 rue Henry Monnier.

7) Edmond Lepelletier, ami et correspondant de Verlaine, habite 22 rue de Douai.

8) Charles de Sivry (demi-frère de Mathilde Verlaine) et sa femme Emma emménagent 2 rue Fontaine Saint-Georges (rue Fontaine) en 1874.

Villiers de L’Isle-Adam habite 45 rue Fontaine en 1888-89 (et 16 place Clichy en 1888).

9) Ils vivent 64 rue de la Rochefoucauld durant la Commune. Au 56 est installé Cabaner, le musicien bohème proche de Verlaine, de Rimbaud et des zutistes.

10) Emile Blémont, poète ami de Verlaine, habite 47 rue Labruyère.

11) Nina de Callias (ou Nina de Villard – née Anne-Marie Gaillard) ouvre au début des années 1860 son salon au 17 rue Chaptal. Pour Edmond de Goncourt, c’est l’atelier de décervelage de la rue Chaptal.

Nina et sa mère tiennent ce salon littéraire et artistique de 1862 à 1882. Gautier – qui rêve maintenant de l’Académie française – et ses filles, ainsi que Mallarmé, figurent parmi les premiers habitués, surtout après l’arrêt du salon de la marquise de Ricard (voir plus bas).

D’autres les rejoignent plus tard : Coppée, puis Verlaine, Charles Cros (amant de Nina) et Villiers-de-l’Isle-Adam à partir de 1868, Richepin, Manet, Cézanne, Forain, Alphonse Allais, Germain Nouveau à partir de 1873, etc.

Nina, « compromise » pendant la Commune, se retire prudemment de Paris entre juin 1871 et mai 1873.

12) Paul Verlaine va au catéchisme rue de Douai. Entre 1853 et 1862, il est interne à la pension Landry, 32 rue Chaptal et se rend bientôt quotidiennement au lycée Bonaparte (aujourd’hui Condorcet).

13) La marquise de Ricard tient un salon littéraire dans sa demeure du 10 boulevard des Batignolles, jusqu’au décès de son mari en 1867.

14) Verlaine loge à l’hôtel Biot, 15 rue Biot, en 1890.

15) Paul Verlaine et ses parents arrivent 14 rue Lécluse en 1865. M. Verlaine décède en décembre, et Paul et sa mère vivent de 1866 à 1870 au 26 rue Lécluse. Il y reçoit poètes et amis le mardi soir, entre huit heures et minuit. Je crois que maintenant M. Paul est bien mais il donne trop d’ouvrage à sa mère. Tous les mardis il invite deux ou trois jeunes gens à dîner, il n’est pas vraiment raisonnable ; c’est bien de la dépense car tout est bien cher à Paris (Victoire Bertrand à Clarisse Pérot, cité dans Paul Verlaine, correspondance générale, établie par Michael Pakenham, Fayard, 2005, page 176).

16) Le 10 rue Nollet (alors rue Saint-Louis) est une des premières adresses parisiennes de la famille Verlaine.

17) Juste auparavant, les parents Verlaine emménagent 28 rue Truffaut en 1857.

18) En 1863 : nouvel emménagement, 45 rue Lemercier.

19) À partir de 1874, Nina de Callias déménage son appartement et son salon littéraire au 82 rue des Moines. En haut de la rue se trouve aujourd’hui le lycée Stéphane Mallarmé.

Sources :
– Correspondance de Verlaine éditée par Michael Pakenham,
– Bernard Vassor.

2 Comments

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  1. 1
    Anonyme

    > 2ème balade parisienne sur les pas de Verlaine…
    Bonjour,
    J’ai trouvé un texte de Verlaine sur l’église des Batignolles comme suit :
     » Il y a dans l’église dartreuse de Sainte-Marie-des-Batignolles, à droite en entrant par le bas-côté, un Christ en croix, grandeur naturelle, effroyable de merveilleux […]. La tête, très grosse en raison de l’élévation énorme où ce crucifix devait se trouver dans la chapelle conventuelle, crie, penchée et sa convulsion épouvante tout d’abord, puis touche infiniment, tant il y a de douceur restée …  »
    Par hasard, sauriez-vous de quel ouvrage il est extrait ?
    Par avance, merci
    Sophie Martineaud
    e-mail : sophie.martineaud@free.fr

  2. 2
    Philippe BOISSEAU

    2ème balade parisienne sur les pas de Verlaine…
    Excellent article, bourré d’informations, comme toujours !
    Juste une petite précision : Mathilde fait bien connaissance de Verlaine chez le couple de statuaires Hélène et Léon Bertaux (et non Berteaux) en 1869, mais ils se sont déjà croisés dans le salon de Nina de Callias en 1867. Mathilde avait alors 14 ans. Elle décrit la scène dans son ouvrage « Ex-Madame Verlaine. Mémoires de ma vie » : « Au moment où nous allions partir, entra Verlaine. Il ne parut pas me voir ; moi, il me sembla laid, mal habillé et l’air pauvre. Ce fut ma première impression qui, malheureusement, ne devait pas durer. » Il faut admettre qu’il lui en a fait baver par la suite, le cher grand poète…

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