« […] J’ai […] commencé d’avoir envie d’écrire un roman et je suis devenu, comme d’habitude, extrêmement attentif à tout ce qui m’entoure. Pour moi, c’est toujours le premier symptôme. »
Roger Vailland, dans la revue Arts, 26 février 1964.
C’est la guerre, la montagne et Stendhal qui ouvrent pour Roger Vailland les vannes de l’écriture. Désireux de se retirer au calme pour écrire le grand roman dont il attend la renommée, il s’installe en juin 1942, sur le conseil d’un ami, au « château Marion », un peu à l’écart de Chavannes-sur-Reyssouze près de Bourg-en-Bresse.
Mais c’est à Paris, 11 rue des Abbesses (et seulement en mars 1944), qu’il « tient le bon bout ». Son rôle dans la Résistance l’amène en effet à séjourner souvent dans la capitale, au Grand hôtel Goudeau (11 rue Ravignan à Montmartre) et rue des Abbesses. Lors d’une mission au domicile de Daniel Cordier, un agent de la Résistance, il découvre un exemplaire de Lucien Leuwen, se plonge dans sa lecture… et se lance aussitôt dans l’écriture du Drôle de jeu. Drôle de jeu paraît en 1945. Vailland y a mis le quotidien de sa vie de résistant : engagement politique, clandestinité, libertinage.
Il rêvait depuis longtemps d’écrire un grand roman sans y parvenir… puis il s’est trouvé capable, jusqu’à la fin de sa vie, de les enchaîner les uns à la suite des autres avec une facilité impressionnante… et une méthode efficace : écrire sous le regard d’un diagramme accroché au mur, indiquant en abscisses les jours passés et à venir, et en ordonnées les nombres de pages écrites.
Voici les différents lieux où, entre la guerre et sa mort en 1965, il a accroché ses diagrammes :
– En décembre 1947, Vailland s’installe au second étage du 14 avenue de Verdun à Sceaux, chez ses amis De Meyenbourg qui ont pitié de sa situation matérielle. Il y demeure jusqu’en décembre 1950.
– De juillet à septembre 1949, il se retire dans une maison prêtée par des amis, les Peytavin, située à Crouzaz, un lieu-dit près de Mende en Lozère.
– En décembre 1950, ses hôtes de l’avenue de Verdun récupèrement l’appartement qu’il occupe. Après un voyage en Extrême-Orient, il emménage au printemps 1951 avec Elisabeth Naldi à La grange aux loups (aussi appelée La grange aux vents) une austère petite maison des Allymes, hameau à six kilomètres d’Ambérieu-en-Bugey. Loin des « intellectuels de gauche » parisiens, il découvre la vie des ouvriers et des paysans. Elisabeth et Roger vivent alors les années les plus pauvres et les plus heureuses de leur vie.
– Automne 1954 : Roger et Elisabeth (qu’il épouse cette année-là) s’installent dans une belle maison du centre de Meillonnas, à vingt kilomètres de Bourg-en-Bresse.
Un an plus tard, le prix Goncourt récompense (enfin !) La loi et son auteur, dont les 325 000 francs avaient recueilli l’année précédente moins de votes des jurés que Les Eaux mêlées, de Roger Ikor.
Lorsque les crimes de Staline sont révélés en 1956, Vailland se réveille du communisme, pour ne plus y retourner.
Roger Vailland décèdera à cinquante-sept ans, le 12 mai 1965, d’un cancer du poumon. Il repose depuis dans le cimetière de Meillonnas.
Autres demeures de l’auteur
Par ailleurs, durant toutes ces années, les hôtels Sèvres-Vaneau et Pont-Royal (rue du Bac) sont deux domiciles parisiens privilégiés de Roger Vailland.
Quelqu’un à contacter ?
Médiathèque Élizabeth et Roger Vailland, 1 rue du Moulin de Brou, 01000 Bourg-en-Bresse (tél. : 04 74 45 06 07).
À voir aux alentours
– Lamartine à Mâcon, Milly, Montceau, Saint-Point,
– Claudel à Brangues,
– Stendhal à Grenoble,
– Rousseau aux Charmettes et à Chambéry,
– Voltaire à Ferney,
– Saint-Exupéry à Lyon et Rémens,
– Eugène Sue à Annecy-le-Vieux,
– Valéry Larbaud à Vichy,
– Henri Pourrat et Alexandre Vialatte à Ambert,
– Honoré d’Urfé à Boën-sur-Lignon,
– Jules Romains à Saint-Julien-Chapteuil,
– George Sand à Saint-Paulien.
Petite bibliographie
Roger Vailland, ou un libertin au regard froid. L’énorme et passionnante biographie d’Yves Courrière. Plon, 1991, 976 pages, 180 F.
Les Cahiers Roger Vailland, publiés depuis 1994 par Le Temps des Cerises, 6 avenue E. Vaillant, 93500 Pantin (tél. : 01 49 42 99 11),
base de données de Philippe Boisseau sur le Paris historique.