George Sand.
Théophile Gautier.
Amantine-Aurore-Lucile Dupin voit le jour à Paris, 46 rue Meslay, le 1er juillet 1804… Une quinzaine d’années avant les soeurs Brontë, qui, comme elle, useront (au début) d’un nom d’homme pour signer leurs oeuvres…
Son père décède par accident lorsqu’elle a quatre ans. Sa mère, Sophie-Victoire, est issue du petit peuple parisien et vit jusqu’à 1837. À la mort de son mari, elle s’installe à Paris et abandonne sa fille à sa grand-mère paternelle (fille du maréchal Maurice de Saxe et petite fille de Frédéric Auguste 1er de Saxe, roi de Pologne), qui a acquis une grande maison à Nohant en 1793.
Passé le déchirement, Aurore se plaît dans le petit bois de Nohant et les champs alentour, au milieu des animaux et des enfants du village.
Pour l’éduquer un peu mieux, sa grand-mère l’envoit au « couvent des Filles-Anglaises », 55-63 rue du Cardinal-Lemoine à Paris, où Aurore est pensionnaire de 1817 à 1820.
À son retour à Nohant, elle soigne sa grand-mère qui, à soixante-douze ans, est bientôt paralysée après une attaque d’apoplexie. Elle décède en 1821.
Aurore épouse à dix-huit ans Casimir Dudevant et s’établit à Nohant, dont elle a hérité. D’Aurore et de Nohant, Casimir va rapidement faire son domaine. Pendant huit années, Aurore cesse de vivre.
A vingt-six ans, en 1831, elle suit à Paris Jules Sandeau, un jeune étudiant rencontré à Nohant, et commence à vivre la moitié de l’année dans la capitale.
Elle commence aussi à écrire. Pourquoi ? Parce que c’est un moyen de gagner sa vie et d’atteindre à l’indépendance (ses droits d’auteur contribueront bientôt à l’entretien des terres de Nohant). Parce que ses premières années lui ont appris que l’imaginaire que l’on découvre ou que l’on se crée est souvent plus intéressant que la vraie vie où les mères abandonnent leurs enfants…
Et aussi parce que l’écriture est un bon support pour reconstruire la société selon le désir de l’auteur, en donnant une autre place aux femmes, en apportant un « happy end » à des histoires qui commencent mal et la liberté à la femme, « prolétaire de l’homme », et au prolétaire lui-même.
Dans les romans de George Sand, les riches épousent les pauvres et fondent souvent une communauté socialiste. Les décors et les personnages sont adoucis par sa plume, car « l’art n’est pas une étude de la vérité positive ; c’est une recherche de la vérité idéale » (ses discussions avec Flaubert, Sue ou Balzac devaient être chaudes…).
En 1836, après un procès en divorce avec Casimir, elle est à nouveau propriétaire de la maison de Nohant.
Entre la grande cuisine et le théâtre de marionnettes, dans les allées du parc et les nombreuses pièces de la maison, on croise encore les silhouettes de Balzac, Delacroix, de Liszt et Chopin, Théophile Gautier, Flaubert, de Pauline Viardot et Tourguéniev. C’est à Nohant que Frédéric Chopin, pendant sept ans l’amant de George Sand, compose quelques dizaines d’oeuvres, et qu’elle-même, entre deux pots de confiture, conçoit la plus grande partie de son oeuvre (70 récits[[Non, George Sand n’a pas écrit que La Mare au diable, même si nombre de ses romans – souvent fleuve, publication en feuilletons oblige – sont malheureusement peu connus aujourd’hui. Je ne crois pas à mes romans, mais ils me donnent autant de bonheur que si j’y croyais, écrit-elle dans Histoire de ma vie… Ils vous donneront autant de bonheur si vous les lisez !]]) et de sa correspondance (quelques milliers de lettres).
Dans le boudoir où elle a fait installer son bureau dans un placard pour gagner de la place, elle a écrit Indiana, son premier succès en 1832.
Elle écrit quarante pages par jour ou par nuit, souvent pour garnir la table où le couvert est toujours mis…
Autres demeures de l’auteur
L’écrivain a vécu dans de nombreux autres lieux dans la région et également à Paris et Palaiseau. Signalons seulement qu’elle est en juillet 1873 avec ses petites filles au Grand hôtel de la plage à Cabourg, dont Marcel Proust sera l’hôte quarante ans plus tard.
Elle meurt le 8 juin 1876 à Nohant. Elle repose là, dans le cimetière particulier de la famille.
Pour visiter le lieu
Château de Nohant. 36400 Nohant-Vicq. Tel. : 02 54 31 06 04 ou 02 54 34 97 85.
Le jardin, aménagé par l’écrivain est également à voir, avec son verger, sa roseraie, son petit bois romantique, son cimetière et la prairie où deux cèdres commémorent la naissance des deux enfants de l’écrivain, Solange et Maurice.
Par ailleurs, la Caisse des Monuments historiques propose d’ordinaire en juillet et août une exposition et un spectacle autour des marionnettes créées par Maurice Sand.
Le Musée George Sand et de la Vallée Noire de La Châtre le Musée George Sand de La Châtre (70 rue Venôse, 36400 La Châtre, tel. : 02 54 48 36 79) présente, dans une salle dédiée à l’écrivain, une riche collection de lettres et documents sur sa vie, son entourage et son engagement politique.
Quelqu’un à contacter ?
Office du tourisme. Square George Sand, BP 115, 36400 La Châtre. Tel. : 02 54 48 22 64. Fax : 02 54 06 09 15.
L’Association des amis de George Sand peut être contactée par Anne Chevereau, 70 rue Velpeau, 92160 Antony (tel. : 01 46 66 91 49).
À voir aux alentours
Nohant n’est que le début d’un périple qui peut vous mener à travers le Berry sur les pas de George Sand, de ses personnages et de ses amis artistes et écrivains :
– le château de Saint-Chartier, cadre du roman Les Maîtres sonneurs,
– le domaine de Fourche, qui est La Mare au diable (écrit en quatre jours…), dans le bois de Chanteloube, près de Mers-sur-Indre,
– le moulin d’Angibault sur la commune de Montipouret (qui se visite et a été restauré par la municipalité) et le château de Sarzay (appelé dans le roman château de Blanchemont), les deux lieux principaux du Meunier d’Angibault,
– le Château de la Vallée bleue à Verneuil (tel. : 02 54 31 01 91), hôtel qui a souvent accueilli l’écrivain et Frédéric Chopin et qui en garde des souvenirs,
– à Lourouer-Saint-Laurent, le château d’Ars abrite le Centre international George Sand (Château d’Ars, 36400, tél. : 02 54 48 42 80).
– Cluis, selon l’écrivain « point de mire de tous les horizons de la Vallée Noire »,
– Gargilesse, village perdu qu’elle découvre un jour de 1844 avec Chopin, où elle se retire pour écrire en paix (Maison de George Sand, Le Bourg, 36190 Gargilesse-Dampierre, tel. : 02 54 47 84 14). Elle en fait le décor du Péché de Monsieur Antoine. Ouvert tous les jours, de Pâques au 31 octobre, de 9h30 à 12h30 et de 14h30 à 19h.
– à cinq kilomètres de Gargilesse-Dampierre, le château de Chateaubrun, à Cuzion, souvent visité par Sand.
D’autres écrivains ont aussi vécu dans la région :
– Alain-Fournier à La Chapelle-d’Angillon et Epineuil-le-Fleuriel,
– Charles-Louis Philippe à Cérilly,
– Émile Guillaumin à Ygrandes,
– Marguerite Audoux à Sancoins,
– Colette à Saint-Sauveur-en-Puisaye.
Petite bibliographie
Histoire de ma vie. George Sand.
Promenades en Berry avec George Sand. Robert Chouard. Éditions Charles Corlet. 180 F.
La maison de George Sand à Nohant. Editions du Patrimoine, Paris, 1999. 66 p., 39 F.
Le jardin romantique de George Sand. Gilles Clément, Christiane Sand. Éditions Albin Michel.
À la table de George Sand. M.C. et D. Clément, Georges Lubin, André Martin, Christiane Sand. Éditions Flammarion.
Jardins d’écrivains. José Cabanis et Georges Herscher. Éditions du Chêne. Pour visiter le jardin de Nohant depuis son fauteuil. 290 F.
Les Amis de George Sand. Revue annuelle publiée par l’Association des amis de George Sand.