Théophile Gautier
Sainte-Beuve
Rendu riche et socialiste par Les Mystères de Paris, Eugène Sue est élu député en 1849… et emprisonné à la suite du coup d’état du 2 décembre 1851, qui marque également l’arrêt de la carrière politique de Lamartine, musèle George Sand, censure Erckmann-Chatrian et provoque l’exil de Victor Hugo. L’écrivain est ensuite libéré. Il s’exile en Savoie (qui est alors Etat Sarde) et n’obtiendra jamais la permission de rentrer en France. Son éditeur Masset l’accueille d’abord dans sa maison des Barattes, près d’Annecy-le-Vieux.
Puis Sue loue à Monsieur Croset-Mouchet une petite maison non loin, à Vignières.
En 1853, pour raisons de santé, il souhaite s’éloigner un peu du lac d’Annecy et s’installe dans la propriété de l’architecte Ruphy, ami de Masset : la maison de La Tour, située à nouveau aux Barattes, le long de la route d’Annecy à Veyrier. Cette petite maison de bois, qui ressemble à un manoir, existe toujours. Là, jusqu’à sa mort en 1857 (excepté pendant quelques semaines lors d’un voyage à La Haye fin 1856), il conçoit entre six heures du matin et deux heures de l’après-midi Une page de l’histoire de mes livres, La France sous l’Empire et d’autres écrits.
Il poursuit aussi la rédaction des Mystères du Peuple, commencée en 1849 et achevée en 1856, qui lui vaut un procès pour atteinte aux fondements de l’Empire (procès conduit par Ernest Pinard, procureur général qui dirige à la même époque le procès contre Madame Bovary et contre Les Fleurs du mal). L’après-midi est consacré aux promenades dans la montagne, qu’il poursuit malgré sa santé qui faiblit. La vie du « rouge » et de ses visiteurs (en particulier la charmante et turbulente Marie de Solms, cousine de Napoléon III) est épiée par le voisinage et les autorités locales. Sue dispense autour de lui aumônes et libéralités pour venir en aide aux pauvres de la région. Miné par son interdiction de séjour en France et par ses douleurs névralgiques, il décède aux Barattes en 1857.
Autres demeures de l’auteur
L’écrivain a également vécu sur les mers, à Paris, dans le val d’Oise et en Sologne.
Son corps repose au cimetière de Loverchy à Annecy, sous un orme pleureur.
Petite bibliographie
Eugène Sue à Annecy. Article de Pignal-Dargent (son ancien secrétaire) dans Le Petit Temps du 24 novembre 1903.
Poignée de souvenirs. Article de Pignal-Dargent dans Les Alpes du 9 juin 1907.
Eugène Sue à Annecy-le-Vieux. D’après l’article « Les mystères de Paris ont cent ans » d’Albert Benoist dans le « Petit Dauphinois » du 8 mai 1944, repris dans « L’Ancivelien » n°2, janvier 1996 (journal d’informations municipales d’Annecy-le-Vieux).
La revue Tapis franc a consacré son n°3 (1990) à Eugène Sue.
Pour tout renseignement : Association des Amis du Roman Populaire.