Zola lançait son « J’accuse » l’année de la naissance de Joseph Kessel, 1898.
Deux centenaires qui ont été fêtés… Deux parisiens qui allaient quitter Paris pour trouver leur bonheur dans la campagne proche, Zola à Médan, Kessel à Avernes.
C’est un Zola rendu riche et célèbre par le succès de L’Assommoir qui cherche en 1878 un logement d’été non loin de Paris, car il doit suivre l’Exposition Universelle qui s’y prépare, pour le compte d’un journal russe.
Il trouve une « cabane à lapins », qui n’est pas à louer, mais à vendre. Retrouvant à Médan un peu de la campagne de son enfance provencale, il achète cette petite maison et y voit déjà le cadre idéal pour pousuivre l’écriture de la série des Rougon-Macquart, dont il a déjà commencé l’épopée qui débute au Coup d’état de Louis-Napoléon en décembre 1851 et s’achèvera avec la chute du régime impérial au moment de la Commune de 1870-1871.
De 1878 à 1902, Médan devient sa résidence principale. Il y passe huit mois mois de l’année, se réfugiant à Paris chaque hiver afin de rassembler la masse de documents qui fournissent la base de ses romans.
Il y achève l’écriture de Nana et concevra Pot Bouille ( 1882), Au Bonheur des Dames (1883), La Joie de vivre (1884), Germinal (1885), L’Oeuvre (1886), La Terre (1887) et Le Rêve (1888). Ses revenus lui permettent peu à peu de racheter des terrains voisins, ainsi que de construire de nouvelles ailes à sa « cabane à lapins » et d’autres bâtiments pour y héberger ses amis. Il est bientôt propriétaire des terrains qui descendent jusqu’à la Seine, puis d’une parcelle de l’île en face, sur laquelle il fait construire un petit pavillon, le Paradou.
En effet, dès les premiers jours de son installation, il invite à Médan ses amis écrivains naturalistes : Alexis, Céard, Hennique, Huysmans et Maupassant. Ils créent ensemble le « Groupe de Médan » qui fera bientôt paraître un recueil de nouvelles : Les soirées de Médan.
Pour Zola, l’âme d’une maison tient à ce qui s’y vit à l’intérieur, alors… peu importe son apparence extérieure !
La maison de Médan reflète à l’extrême les goûts naturalistes de l’écrivain : vitraux, tentures, tapis, meubles de toutes époques, entre art médiéval et Art Nouveau. Les deux tours qui finissent par flanquer le bâtiment principal ont une drôle d’allure…
Dans son bureau qui s’ouvre sur la nature environnante et dont les murs sont hauts de six mètres, il a fait écrire Nulla dies sine linea (pas un jour sans une ligne). Il produira, année après année, quatre à cinq pages chaque jour.
En 1888, dix-huit ans après son mariage, il tombe amoureux de Jeanne Rozerot, la jeune lingère que sa femme vient d’embaucher.
Les deux seuls enfants de Zola naîtront de cette liaison : Denise, en 1889, et Jacques, en 1891. Jusqu’à sa mort, Zola mènera une double vie, installant sa seconde famille à Paris, puis, en 1893, à Cheverchemont, d’où il pouvait les voir à la jumelle depuis la maison de Médan, puis non loin, à Verneuil.
Il va rompre cet équilibre instable en s’engageant aux côtés de Dreyfus en 1898, et choisir l’exil en Angleterre pendant onze mois, avant de revenir à Médan.
Autres demeures de l’auteur
Zola n’a possédé que la maison de Médan. Mais il a vécu, en locataire, à Aix et Paris.
L’écrivain est enterré au cimetière Montmartre le 5 octobre 1902. En 1908, ses cendres sont tranférées au Panthéon.
Pour visiter le lieu
Maison de Zola, 78670 Médan.
Horaires d’ouverture :
– individuels : samedis, dimanches et jours fériés de 14h à 18h30,
– visites commentées : samedi et jours fériés, à 15h et 16h30, dimanche à 14h30, 15h30, 16h30 et 17h.
Possibilité de prendre rendez-vous, pour les groupes, à d’autres moments. Tel : 01 39 75 35 65. Fax : 01 39 75 35 34. Un pélerinage littéraire s’y déroule chaque année le premier dimanche d’octobre, pour marquer l’anniversaire de la mort de Zola.
Quelqu’un à contacter ?
L’Association Maison Zola Musée Dreyfus est présidée par Pierre Bergé.
www.maisonzola-museedreyfus.com
maisonzola-museedreyfus@cegetel.net
Lien vers la Société littéraire des Amis d’Emile Zola éditrice des Cahiers Naturalistes :
www.cahiers-naturalistes.com/la_societe_litteraire.htm
À voir aux alentours
– Tourgueniev à Bougival,
– Anaïs Nin à Louveciennes,
– Balzac aux Jardies à Sèvres,
– Boris Vian à Ville d’Avray,
– Maeterlinck à Médan,
– Théophile Gautier et Jacques Prévert à Neuilly,
– Maupassant à Chatou,
– Mirbeau à Carrières-sous-Poissy,
– Alain au Vésinet.
– Dumas à Monte-Cristo.
Petite bibliographie
Parties de campagne chez les Zola. Article d’Evelyne Bloch-Dano dans Balade en Yvelines sur les pas des écrivains. Marie-Noëlle Craissati. Éditions Alexandrines.
Pèlerinage à Médan. Article de Paul-Emile Cadilhac dans Demeures inspirées et sites romanesques, tome I, Editions de l’Illustration. Raymond Lécuyer et Paul-Emile Cadilhac.
Chez Zola à Médan. Evelyne Bloch-Dano. Christian Pirot Editeur, 1999.
Madame Zola. Evelyne Bloch-Dano. Livre de poche.
Zola à Médan. Jean-Claude Leblond-Zola, édité par la Société littéraire des amis d’Émile Zola (BP 12, 77580 Villiers-sur-Morin. Tel. : 01 47 03 89 41).
Le musée d’Émile Zola. Dominique Fernandez. Stock, 1997.
Un peu plus loin que Médan… Promenades en Normandie avec un guide nommé Émile Zola. Gérard Pouchain. Éditions Charles Corlet.
Les Cahiers naturalistes paraissent chaque année (Société littéraire des amis d’Émile Zola).