“Le vaillant effort de Mallarmé pour donner l’impression du grand délire poétique. Le résultat est merveilleusement beau, mais ceci reste vrai, que ses obscurités cachent des choses très simples et ne sont que pour simuler la fièvre sacrée de la grande poésie, alors que le poète a 37° de température. […] Le plus singulier de l’affaire est qu’il était lui-même dupe de cet oestre artificiel si laborieusement obtenu.”
Julien Green, Journal, 4 mai 1959.
Stéphane Mallarmé naît à Paris en 1842, au 12 rue Laferrière. Sa mère meurt lorsqu’il a cinq ans. Il habite 44 rue du Ranelagh avec son père et sa nouvelle femme. Son éducation est bientôt confiée aux pensions.
Il devient interne au lycée de Sens et habite ensuite chez son père dans la même ville, rue de la Synagogue, puis dans la propriété des Gaillons, ruelle des Pénitents. Il découvre Edgar Poe à la fin des années 1850. Sa sœur décède en 1857. Son père ne l’encourage pas dans ses lectures. Ses poèmes d’adolescent portent la marque de Hugo, Gautier et Banville. Sa découverte des Fleurs du mal en 1860 est une révélation.
Il s’installe à Londres (9 Panton Square et 16 Albert Terrace-Knightsbridge) avec Marie Gerhard, sa future épouse, et veut devenir professeur d’anglais.
Il enseigne cette langue dans les lycées impériaux de Tournon en Ardèche (à partir de 1863 ; il habite alors 19 rue de Bourbon et 2 allée du Château – en 1864, il fait la connaissance à Avignon des poètes félibres Théodore Aubanel, Joseph Roumanille et Frédéric Mistral), puis de Besançon (à partir de 1866 ; il habite 36 rue de Poithume), avant d’être nommé au Lycée d’Avignon (il habite 8 place Porthail-Matheron), où il vit entre 1867 et 1871. Il se lie avec Heredia et Leconte de Lisle, et traverse une période de grand doute.
L’amitié épistolaire entre Mallarmé et Verlaine date de 1866, année de la publication du 1er volume du Parnasse contemporain, dans lequel tous deux figurent. Lorsque Mallarmé devient parisien, il rencontre Verlaine, peut-être en janvier 1872 rue Nicolet, et Rimbaud en juin, lors d’un dîner des Vilains bonhommes.
En 1871, Mallarmé s’installe en effet à Paris (à l’hôtel des Étrangers, rue Vivienne, puis au 29 rue de Moscou), pour enseigner au Lycée Condorcet. En mars 1875, il s’installe définitivement 87 (qui deviendra le 89) rue de Rome, où il rassemble ses amis chaque mardi à partir de 1877.
Son fils Anatole meurt à 8 ans en 1879.
Il devient professeur au Lycée Janson-de-Sailly en 1884 et au Collège Rollin (actuel lycée Jacques-Decour) en 1885. C’est de cette époque que date sa notoriété. S’il est un maître pour de nombreux poètes depuis des années, le public le découvre davantage en 1883-1884 avec l’article des Poètes maudits que lui consacre Verlaine, et le roman À Rebours de Huysmans, où des Esseintes le personnage principal, admire les poèmes de Mallarmé et de Verlaine.
En 1888 sont publiés les poèmes d’Edgar Poe qu’il a traduits. À la mort du frère d’Édouard Manet, Mallarmé devient tuteur de sa fille Julie, dont la mère est la peintre Berthe Morisot. Debussy compose Prélude à l’après-midi d’un faune à partir du texte du poète.
Entre 1874 et sa mort survenue ici en 1898, il loue pendant les vacances le 1er étage d’une petite maison, ancienne auberge de bateliers située dans le hameau de Valvins, dépendant de Vulaines-sur-Seine. Aujourd’hui, la maison est le beau musée Stéphane Mallarmé, où l’on peut découvrir, entre autres surprises, la table des Mardistes, autour de laquelle Mallarmé réunissait ses amis le mardi dans son appartement de la rue de Rome (Manet, Henri de Régnier, Paul Valéry, Nadar, Pierre Louÿs, Ravel, Huysmans, Verlaine, etc.) ; la chambre grise, dont la bibliothèque contient les œuvres complètes de Stevenson, autre écrivain à avoir aimé la région (il a séjourné à Gretz-sur-Loing) ; le « cabinet japonais », dans lequel le poète se retirait pour lire.
Pour visiter le lieu
Maison de Mallarmé. 4 quai Stéphane Mallarmé, 77870 Vulaines-sur-Seine.
À voir aux alentours
– Jean Cocteau à Milly-la-Forêt,
– Georges Duhamel à Dourdan et Créteil,
– Jean-Louis Bory à Méréville,
– Bernardin de Saint-Pierre et Alfred Jarry à Corbeil-Essonnes,
– Alphonse Daudet à Draveil-Champrosay,
– George Sand à Palaiseau,
– Charles Péguy à Lozère,
– Hugo à Bièvres,
– Malraux et Louise de Vilmorin à Verrières-le-Buisson,
– Paul Fort à Montlhéry.
Petite bibliographie
Stéphane Mallarmé à Valvins. Marie-Anne Sarda. Édition Musée départemental Stéphane Mallarmé, 1995.
Mallarmé. Naissance de la modernité. Magazine littéraire n°368, septembre 1998.