« Pour le critique, tout roman [est] à base psychologique. Psychologie des sentiments. Et, comme sentiment, l’amour. […] Or, il y a dans l’homme autre chose que l’amour, autre chose que la psychologie, et il y a dans l’univers autre chose que l’homme. Il y a d’autres passions, la physiologie, il y a tout ce qui n’est pas l’homme. »
Maurice Renard
« Le talent magique de Maurice Renard paraît destiné à avoir une grande influence littéraire. »
Guillaume Apollinaire
En mariant le merveilleux des histoires fantastiques au scientifique des récits d’aventures et de découverte, il devient le héraut d’un nouveau genre littéraire : le merveilleux scientifique, dont d’autres belles figures sont H. G. Wells (en 1899 est publiée en France La Machine à explorer le temps), Rosny Aîné, Robida et, en partie, Edgar Poe, Villiers-de-L’Isle-Adam (qui a dit « l’esprit du siècle est aux machines »), et encore quelques autres.
En faisant appel à la fois à leur raison, à leur sensibilité et à leurs phantasmes, Maurice Renard veut faire naître chez ses lecteurs « les germes des rêves les plus neufs, les plus singuliers et les plus troublants ».
Toute sa vie, jusqu’à Paris ou Oléron, il emporte avec lui la Champagne de son enfance :
– Maurice naît en 1875 7 rue du Grenier-à-sel à Châlons-sur-Marne, petit frère éloigné de deux grandes soeurs. Leur père – qu’ils redoutent – devient bientôt président du tribunal de Reims, et la famille habite ensuite 20 rue Carnot, puis dans une maison située à l’angle de la rue Cérès (n°25) et de la rue du Bonhomme (n°1).
– Maurice vit une enfance solitaire et choyée. Son paradis perdu est le parc du château de Saint-Rémy (détruit par les allemands en 1918) que ses grands-parents possèdent à Hermonville, à quinze kilomètres de Reims.
Là, un kiosque au toit d’ardoise et aux vitres de toutes les couleurs abrite ses lectures : Poe, Dickens -dont il dira qu’il a toujours dirigé son destin littéraire- et bien d’autres.
Ce sont aussi les mannequins de la boutique de bonneterie de ses grands-parents à Reims qui marquent à tout jamais son imagination.
– Fin 1886, Maurice devient interne de l’École Monge, 145 boulevard Malesherbes à Paris. La famille adopte bientôt un pied-à-terre parisien, 4 rue Bara.
– 1892 : retour à Reims, au collège des bons-Enfants et son internat, tout près de la rue Cérès.
Maurice est bachelier en lettres et philosophie deux ans plus tard.
– Pendant ses trois années de service militaire à Reims, il découvre H. G. Wells, qui, selon lui, dépasse Verne ; Villiers-de-L’Isle-Adam, Erckmann-Chatrian (les Contes des bords du Rhin) l’attirent bien.
– En 1899, installé à Paris 107 boulevard Saint-Germain, il prépare son diplôme de droit. Mais l’écriture prend le dessus, rapidement et définitivement.
– Fraîchement marié, il emménage en 1903 85 rue Kléber.
– En 1905, il signe « Vincent Saint-Vincent » son premier recueil de nouvelles : Fantômes et fantoches, édité à compte d’auteur et qui attire sur lui l’attention de Rachilde et Alfred Vallette, les patrons du Mercure de France. Renard, par souci de ne pas être confondu avec Jules Renard, a adopté le nom du « clos Saint-Vincent », la petite maison qu’il habite dans le parc d’Hermonville (en 1907, lorsqu’il apprend l’existence d’un réel Vincent Saint-Vincent, il retourne à son vrai nom).
– En février 1910, il emménage 8 rue de Tournon.
Ses romans ne sont pas conçus en quelques semaines : il écrit Les mains d’Orlac (1920) en huit ans, Un homme chez les microbes (1928) en dix-sept.
– Il séjourne à Oléron en 1925, puis y vit plusieurs mois par an pendant les quinze dernières années de sa vie.
Son adresse parisienne est devenue la rue Georges Lanson.
Petite bibliographie
Fantômes et fantoches. Avec une préface biographique de Claude Déméocq. Fleuve Noir, 2000, 640 p., 69 F.