Marguerite AUDOUX

La ferme de Berrué (devenue Villevieille dans Marie-Claire), entre Sainte-Montaine et Pierrefitte-sur-Sauldre.
La ferme de Berrué (devenue Villevieille dans Marie-Claire), entre Sainte-Montaine et Pierrefitte-sur-Sauldre.

La région est fertile en femmes écrivains ! A quelques dizaines de kilomètres du pays de Marguerite Audoux se trouve le pays de Colette, et, dans une autre direction, celui de George Sand. Mais la première fut moins précoce et féconde que les secondes. Elle est moins célèbre qu’elles.

Elle est orpheline et se nomme en réalité Don Quichotte, nom donné par un employé de mairie à son père qui était un enfant trouvé.

Bergère, couturière, auteur à 47 ans de Marie-Claire (prix Fémina 1910), morte en 1937 dans l’oubli, elle est depuis 1990 l’hôte sans doute un peu gênée du magnifique Château des Stuarts à Aubigny-sur-Nère.

Marguerite ne serait pas sortie de l’oubli sans les encouragements et le soutien d’illustres contemporains : Octave Mirbeau, Alain-Fournier (qui fait part à Péguy de son admiration pour elle), Valéry Larbaud (qui recopie le manuscrit de Marie-Claire, car Marguerite a des crises d’ophtalmie qui la rendent presque aveugle… et son orthographe n’est pas parfaite), André Gide, Léon-Paul Fargue, Jean Giraudoux, et aussi d’autres moins illustres : Michel Yell, ami de Gide, Charles-Louis Philippe et Francis Jourdain, peintre et décorateur qui réalise pour elle les beaux meubles présentés dans le musée.

Pour écrire les romans Marie-Claire puis L’Atelier de Marie-Claire, De la ville au jardin et Douce lumière, il suffit à Marguerite de puiser dans ses souvenirs, de la Sologne à Paris :

– Elle naît à Sancoins (région de Bourges) en 1863 et y vit jusqu’à 1868. Leur mère étant décédée de tuberculose en 1866 et leur père les ayant abandonnées après quelques mois, Marguerite et sa soeur sont accueillies par une tante.
– Elles sont pensionnaires de l’orphelinat religieux (devenu hôpital général) de Bourges de 1868 à 1876.
– Marguerite est placée chez un tailleur à Neuvy sur Barangeon en 1876-1877.
– Elle est bergère à la ferme de Berrué à Sainte-Montaine, à huit kilomètres d’Aubigny, entre 1877 et 1881. C’est là que la découverte d’un vieux livre dans un grenier lui ouvre le monde des histoires.
– Après un court passage à l’orphelinat de Bourges, elle part pour Paris. Elle occupe différents logements précaires, dont une chambre de bonne du boulevard Arago, et différents emplois (manutentionnaire, couturière, blanchisseuse à l’hôpital Laënnec,…). Elle emménage 1 rue de Lagny. En gardant les deux filles abandonnées par sa soeur, elle commence à écrire ses souvenirs.
– Après avoir parfait sa formation et acquis la qualification de maîtraisse-ouvrière en confection, elle ouvre un atelier 5 rue Victor Considérant.
– Par un ami de sa nièce, elle rencontre des écrivains avec qui elle formera le « groupe de Carnetin », qui se réunit dans ce village de Seine-et-Marne régulièrement jusqu’en 1908.
– Elle habite au 10 rue Léopold Robert entre 1909 et 1935,
– 71 rue de la Convention en 1935,
– et à Saint-Raphaël à partir d’octobre 1936.
La couturière est enterrée dans le cimetière de Saint-Raphaël, où elle décède le 1er février 1937… année de la naissance du magazine Marie-Claire.

Pour visiter le lieu

Musée de Marguerite Audoux. 18700 Aubigny-sur-Nère. Tél. : 02 48 81 50 07. Le musée est ouvert tous les jours entre 14h30 et 19h du 1er juillet au 15 septembre, les samedi, dimanche et jours fériés entre 14h30 et 18h00 de Pâques eu 30 juin et et du 16 septembre au 31 octobre, et les dimanches et jours fériés entre 14h30 et 18h00 du 1er novembre à Pâques. Il peut s’ouvrir à tout autre moment de l’année sur demande. L’entrée est gratuite.

Quelqu’un à contacter ?

L’association La sève et la feuille peut être contactée au 02 48 58 20 12.

À voir aux alentours

Dans un rayon de quelques kilomètres autour de Sainte-Montaine, Aubigny et Berrué :
– autour de Brinon-sur-Sauldre, le pays de Raboliot et de Maurice Genevoix,
– Eugène Labiche à Souvigny-en-Sologne,
– Eugène Sue à Souesmes,
– Alain-Fournier à Nancay.

Petite bibliographie

Marie-Claire. Marguerite Audoux. Editions Grasset, collection Les Cahiers Rouges, 1997, 52 F.

Marguerite Audoux, la couturière des lettres. Bernard-Marie Garreau. Editions Tallandier, 1991. Guide du musée Marguerite Audoux. 1993, 15 F.

Un génie dans une mansarde, Marguerite Audoux. Article de Bernard-Marie Garreau, in Historia n°539, novembre 1991.

Le pays de Marie-Claire. Article de Michel Algrain in Le journal de la Sologne et de ses environs n°61, juin 1993.

Actes du colloque « La famille littéraire de Marguerite Audoux », in La sève et la feuille, juin 1993.

7 Comments

Ajoutez les vôtres
    • 2
      morion

      Marguerite AUDOUX
      Bonjour

      par le biais d’une exposition sur Alain Fournier ,ns voudrions parler de Marguerite Audoux (dont j’ai adoré MARIE-CLaire et l’atelier de couture )
      aussi vs serait-il possible de me faire parvenir un peu de documentation!Pour mieux me situer et vs donner confiance ,je suis responsable de la bibliothèque de Blacé et du 16 au 23 mai ns serons grâce à notre expo « au pays du grand Meaulnes » avant d’aller sur le terrain les 29 et 30 septembre!

      Merci !

      Mon adresse courrier:Morion martine – Blaceret – 69460Blacé

      • 3
        Terresdecrivains.com

        Marguerite AUDOUX
        Bonjour,
        merci de contacter directement le musée Marguerite Audoux 😉

  1. 4
    Francis Bermann

    Marguerite AUDOUX
    Merci pour ces informations très émouvantes qui m’ont fait découvrir également un aspect inattendu de l’histoire du village de Carnetin

  2. 5
    mary

    Marguerite AUDOUX
    le musée Marguerite Audoux n’est pas gratuit, il est de deux euros par adulte.

  3. 6
    Une Voyageuse...

    Marguerite AUDOUX
    Bonjour,

    Tout d’abord, merci pour cet article.
    J’ai découvert Marguerite Audoux lorsque j’étais en CM1, il y a dix ans environ, dans le cadre d’un travail sur la Sologne, ma région natale et adorée.
    Marie-Claire m’avait enchantée et touchée. Des années plus tard, j’ai lu L’Atelier de Marie-Claire. Quelle femme admirable que Marguerite ! Je pense aussi à Alain-Fournier, que j’aime énormément, même à presque un siècle de distance.
    Je compte à présent acheter la biographie rédigée par M. Bernard-Marie Garreau, et intitulée Marguerite Audoux, la Couturière des Lettres, que l’on peut acheter au musée Marguerite Audoux. J’ai pu en lire les premières pages : c’est très renseigné, objectif tout en révélant l’attachement de l’auteur pour Marguerite, et le style est plutôt romanesque tout en étant direct, en allant à l’essentiel. Un précieux hommage, donc, à « Marie-Claire » !

    Néanmoins, une correction-précision à propos du musée consacré à Marguerite : il est totalement gratuit.
    Attention à ne pas confondre avec les tarifs du Mémorial de l’Auld Alliance, qui se trouve également dans le château des Stuarts, et qui sont effectivement de 2€ par personne.
    Je travaille moi-même l’été à l’accueil de ces musées.

    Merci à vous de perpétuer la mémoire de cet écrivain oublié.

    Cordialement,

    • 7
      Hélène.

      Marguerite AUDOUX
      Oui, la biographie de Bernard-Marie Garreau est très agréable à lire et fourmille de détails précis.
      « Marie-Claire » et « L’atelier de Marie-Claire » constituent des témoignages à la fois poétiques et réalistes de la vie rurale au XIX° siècle puis de la vie parisienne au début du XX° siècle. Si  » Marie-Claire » obtient le prix fémina, vie heureuse en 1910, on ne peut pas dire que son auteur ait été ménagée par les épreuves de l’existence. Pourtant, elle fait preuve d’une dignité à toute épreuve dans les pires moments de doute, sauvée sans doute par la littérature et l’amour de la vie, une vie intérieure intense qui perçoit les moindres signes de tout ce qui l’entoure. Elle lit, puis elle écrit pour émerger et balaie par son témoignage sobre et émouvant les clichés trop faciles de la vie bucolique ou de la belle époque qui ne fut pas belle pour tout le monde.
      Si elle avait bénéficié d’une scolarité plus solide, comme Colette par exemple, sans doute aurait-elle écrit davantage. Mieux, je ne le crois pas car il se dégage de de ces deux ouvrages une atmosphère magique de pureté et de force à la fois. le timbre cristallin de cette voix des sans voix continue de vibrer quand le livre est refermé. C’est beau.

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