« Les monts majestueux, les plaines riantes, les frais ruisseaux, les cascades bondissantes et le grand tralala pittoresque ne me font pas plus d’effet qu’un camé à une jument noire. »
Comment j’aime la Franche-Comté, 1931.
Pourtant, Marcel Aymé, c’est le Jura à Paris (où il vit ses quarante-cinq dernières années).
C’est aussi le créateur de personnages pittoresques, parfois laissés pour compte, qui aiment la nature, l’amitié et l’amour plus que les « valeurs » et les règles.
Des personnages qui cherchent à être autres que ce qu’ils sont – même s’il faut pour cela passer des murailles -, mais qui finissent par se résoudre à ne jamais y parvenir.
Anarchiste de droite, sceptique de nature, convaincu que les convictions sont néfastes et que la bonté n’existe pas, Aymé est un grand pessimiste pas triste, peu causant sinon dans ses livres, qui n’impose pas ses messages mais, fidèle à sa règle de ne pas en avoir, laisse au lecteur le loisir et le plaisir de se faire ses idées, lui accordant même la possibilité de choisir son genre : roman réaliste, fantastique, satirique, conte, nouvelle, pièce de théâtre, scénario de films, essai : il n’y a guère que la poésie que, malheureusement, Aymé n’a pas touchée.
– Son histoire commence à Joigny en 1902, 76 rue Jacques d’Auxerre. Deux ans plus tard, Marcel perd sa mère. Malgré le nom que porte la famille, son père forgeron refuse alors de l’élever.
– Entre 1904 et 1910, Marcel habite donc chez ses grands parents maternels, les Monamy, à La Tuilerie de Villers-Robert. Dans cette petite exploitation familiale, entre les champs et la forêt profonde, il découvre la vie de la campagne… et le fanatisme politique et religieux. Ses quatre romans franc-comtois : La Table-aux-crevés (prix Renaudot 1929), La Jument verte, Gustalin et La Vouivre, puisent là leurs sources.
– Après quelques mois chez un oncle meunier où il reviendra souvent, il intègre à huit ans le collège de l’Arc, à Dole. Puis sa tante Léa le prend en charge. Il y obtient en 1919 son baccalauréat.
– À dix-sept ans, il est au lycée de Besançon. Il veut devenir ingénieur, mais sa santé fragile interrompt ses projets. Il est soigné à Dole par tante Léa.
– Après un service militaire en Allemagne, il rejoint Paris pour étudier la médecine, mais s’oriente vers la banque, l’assurance et le journalisme.
En 1925, à nouveau malade, sur le conseil de sa soeur Camille, il écrit son premier roman : Brûlebois. Son second, Aller-retour, est accepté par Gallimard en 1927. Il entre dans la littérature par la grande porte, au rythme d’une oeuvre par an.
La littérature, à partir du succès de La Jument verte en 1933, lui assure gloire et renommée.
Son port d’attache est Paris de 1923 à 1967, et en particulier le 8e étage du 9 rue du square Carpeaux en 1930, puis le 9ter rue Paul-Féval en 1934, puis le 26 rue Norvins (maintenant 2 place Marcel Aymé).
Son emploi du temps n’est pas celui d’un Balzac : partie de cartes à 11 heures au café Le Clairon, balade à Belleville l’après-midi, avec un peu d’écriture, mais l’écriture, c’est surtout le soir.
Pour visiter le lieu
La Tuilerie, route de Seligney, 39120 Villers-Robert, est toujours propriété de la famille Aymé.
À voir aux alentours
Les voisins écrivains des alentours (de Dole) :
– Louis Pergaud à Belmont,
– Mallarmé à Besançon,
– Paul-Emile Victor et Bernard Clavel à Lons-le-Saulnier.
Les voisins écrivains des alentours (à Montmartre) :
– Nerval,
– Roland Dorgelès,
– Francis Carco,
– Léon Bloy,
– Alphonse Allais,
– Georges Courteline,
– Pierre Mac Orlan,
– Max Jacob.