« Vous ne savez pas, vous, ce que c’est que de rester toute une journée, la tête dans ses deux mains, à pressurer sa malheureuse cervelle pour trouver un mot.
L’idée coule chez vous largement, incessamment, comme un fleuve. Chez moi c’est un mince filet d’eau. Il me faut des grands travaux d’art avant d’obtenir une cascade. »
Flaubert à George Sand, 27 novembre 1866.
Rouen… C’est là que Gustave naît en 1821, dans l’appartement de fonction de son père, chirurgien en chef de l’hôpital (que son fils ressuscitera sous les traits du docteur Larivière dans Madame Bovary).
Croisset… C’est là que Gustave meurt en 1880.
En 1844, son père achète une maison de campagne à Croisset. La légende dit que là, l’abbé Prévost aurait écrit la première version de Manon Lescaut…
Flaubert commence par y passer les étés, puis s’y établit en 1851 avec sa mère, toujours habillée de noir et sa nièce, très tôt orpheline de mère.
Le bureau de l’écrivain à Croisset ne se trouvait pas dans le pavillon que l’on peut visiter aujourd’hui, mais au premier étage de la maison disparue.
Ce bureau, c’est la tour d’ivoire de Vigny au Maine-Giraud, c’est le cabinet de Hugo à Hauteville House, la cellule de Lamartine à Saint-Point : un autre espace-temps, une « vaste pièce, éclairée par cinq fenêtres, dont trois donnent sur le jardin et deux sur le fleuve. Une bibliothèque […] aux rayons bourrés de livres. Ça et là, des portraits d’amis. Un fauteuil à dossier haut, un divan pour la sieste ou la rêverie et une table en chêne avec des feuillets épars, son encrier-crapaud, et son assortiment de plumes d’oie, car le maître de céans méprise les plumes d’acier. […] Par terre, une peau d’ours » (Henri Troyat).
C’est là qu’il écrit, souvent à la lueur des bougies et de la cheminée jusqu’à quatre heures du matin, la plupart de ses oeuvres, et qu’il les « teste » (ainsi que dans l’allée de tilleuls qui part du pavillon) à voix haute auprès de ses amis Du Camp, Bouilhet, même les frères Goncourt (octobre 1863), Zola, Daudet, Maupassant, puis George Sand (août 1866). Celle-ci, pour aider Flaubert à sortir d’une passe difficile, lui propose en 1875 d’acheter Croisset tout en lui en laissant la jouissance (ce qu’il refusera).
Croisset est vendu par sa nièce Caroline après la mort de Flaubert. La maison est remplacée par une usine, mais le pavillon, d’où il aimait regarder la Seine, survit. On peut y voir aujourd’hui quelques objets de l’écrivain.
À Rouen et alentour, Flaubert a également vécu dans les murs :
– du lycée Corneille, où il lit les auteurs défendus : Hugo et Lamartine,
– d’un appartement situé à Rouen au coin de la rue Crosne-hors-la-ville et de la rue Buffon, après le décès de son père et de sa soeur en 1846 – l’appartement de l’hôpital étant revenu à son frère Achille,
– d’un hôtel de La Bouille, en août 1847, de retour de son voyage en Bretagne avec Maxime Du Camp, de même que fin 1866 avec George Sand,
– de l’appartement de sa nièce, quai du Havre, fin 1870, alors que la maison de Croisset est occupée par les allemands.
Autres demeures de l’auteur
– L’écrivain habita également Trouville et Paris.
– Il posséda une ferme à Deauville, recouverte aujourd’hui par le champ de courses.
– Avant Croisset, entre 1821 et 1843, les parents de Flaubert possédaient une maison de campagne à Déville-les-Rouen.
Pour visiter le lieu
– Le Musée Flaubert et d’histoire de la médecine, 51 rue Lecat, 76000 Rouen (tél : 02 35 15 59 95) est ouvert tous les jours sauf dimanche, lundi et jours de fête, entre 10h et 12h et entre 14h et 18h. On y visite, outre le musée des Saints guérissuers, la chambre de l’appartement de fonction où est né l’écrivain le 12 décembre 1821.
– Le Pavillon Flaubert se trouve 18 quai Gustave Flaubert, 76380 Canteleu. Il est ouvert tous les jours sauf mardi et mercredi matin, de 10h à 12h et de 14h à 18h (tél : 02 35 36 43 91).
– La bibliothèque du bureau de Flaubert est conservée au premier étage de la mairie de Canteleu.
Quelqu’un à contacter ?
Association des Amis de Flaubert et de Maupassant, s/c Hôtel des Sociétés savantes, 190 rue Beauvoisine, 76000 Rouen (tél. 02 35 71 21 97, fax 02 35 89 07 01).
À voir aux alentours
– Aux alentours, on peut visiter Ry, où vécut Delphine Couturier, épouse d’Eugène Delamare (un élève du père de Flaubert) et un des modèles d’Emma Bovary. Elle repose aujourd’hui dans le cimetière du village.
L’actuelle étude du notaire serait la maison des Delamare. La Galerie Bovary (tél : 02 35 23 61 44) et le Musée des automates ressuscitent les personnages du roman.
Rouen dans Madame Bovary sur www.univ-rouen.fr.
Les voisins écrivains sont :
– Maupassant à Fécamp et Etretat,
– Maurice Leblanc à Etretat,
– Gaston Leroux à Fécamp, Eu, Le Tréport,
– Leblanc et Corneille à Rouen,
– Corneille à Petit-Couronne,
– Hector Malot à La Bouille,
– Hugo à Villequier,
– Alphonse Allais, Henri de Régnier et Baudelaire à Honfleur,
– Marcel Proust et Marguerite Duras à Trouville,
– Françoise Sagan à Equemauville.
Petite bibliographie
Flaubert. Henri Troyat. Livre de poche n°4380.