À Dourdan, Créteil et sur le front de la première guerre mondiale (il a trente ans en 1914), Georges Duhamel vit trois expériences déterminantes pour sa vocation littéraire.
Étudiant en médecine à Paris, il fait de fréquents séjours chez ses parents qui habitent rue Haute-Foulerie puis rue d’Etampes à Dourdan. Il écrit déjà des poèmes. La plume et le stéthoscope sont pour lui deux outils complémentaires pour comprendre la nature humaine (d’autres médecins ont déjà marqué ou marqueront la littérature : Tchekhov, Conan Doyle, Somerset Maugham, et presque Simenon, qui sera président d’honneur de la Fédération internationale des médecins-écrivains).
C’est au printemps 1904 qu’une expérience dramatique marque définitivement sa vie : un long accès de fatigue l’immobilise chez ses parents à Dourdan. Il transposera plus tard dans La Pierre d’Horeb cette aventure qui le laisse plusieurs semaines entre la vie et la mort, et qui marque, dans ce roman comme sa vie, la transformation de l’adolescent en un homme qui ne désespère pas « des ressources de notre nature misérable ».
À Créteil, dans une maison louée au milieu d’un parc, Duhamel vit en 1907 avec d’autres écrivains et artistes une nouvelle expérience déterminante. L’Essonne est terre de phalanstères (huit ans plus tôt, un écrivain d’un genre différent, Alfred Jarry, a créé le sien à Corbeil).
En 1906, le poème Je rêve l’Abbaye de Charles Vildrac en inspire d’autres… A six, dont Duhamel et Vildrac, ils créent l' »Abbaye de Créteil », avec le projet que chacun puisse exercer son art, tout en vivant d’une activité d’imprimerie. L’expérience tient plusieurs mois et s’éteint sous le poids des difficultés financières et des querelles. Duhamel fait revivre dans Le Désert de Bièvres – cinquième volume de La Chronique des Pasquier – ce phalanstère qui voulait, en réaction contre le symbolisme, prôner une écriture et un art simples, vivants et accessibles à tous.
Une troisième expérience marque Duhamel alors qu’il a débuté deux ans auparavant une collaboration avec le Mercure de France (à la demande d’Alfred Vallette, le même qui avait « phalanstéré » avec Jarry) et qu’il vit depuis sept ans avec la femme de sa vie, Blanche Albane.
En 1914, la « grande guerre » le convoque comme elle appelle Alain-Fournier, Giono, Barbusse, Giraudoux, Cendrars, Cocteau, Péguy, Apollinaire et quelques autres.
L’écrivain a aussi habité La Naze (Valmondois).
Le docteur Duhamel était médecin à Dourdan. Son fils, après avoir adopté la même profession que son père, fera de celui-ci le modèle de l’un des principaux personnages de La Chronique des Pasquier.
Une plaque 37 rue du Moulin à Créteil marque l’emplacement de l’Abbaye.
Quelqu’un à contacter ?
L’association des Amis de Georges Duhamel et de l’Abbaye de Créteil peut être contactée par Madame Lafay, 6 rue Taclet, 75020 Paris. Tel. : 01 40 31 99 22, fax : 01 40 31 00 06. Le site : www.duhamel-abbaye-de-creteil.com.
À voir aux alentours
Écrivains des alentours :
– Jean-Louis Bory à Méréville,
– Bernardin de Saint-Pierre à Corbeil-Essonnes,
– Alfred Jarry à Corbeil-Essonnes,
– Jean Cocteau à Milly-la-Forêt,
– Charles Péguy à Lozère,
– Alphonse Daudet à draveil-Champrosay,
– Hugo à Bièvres,
– Malraux et Louise de Vilmorin à Verrières-le-Buisson,
– Paul Fort à Montlhéry.
Petite bibliographie
Duhamel décrit la vie de sa famille à Dourdan dans Biographie de mes fantômes, Mercure de France, 1944.
Les Cahiers de l’Abbaye de Créteil sont publiés chaque année par l’Association des Amis de Georges Duhamel et de l’Abbaye de Créteil.
Duhamel évoque également l’histoire de l’Abbaye de Créteil dans Le Temps de la recherche, Mercure de France, 1947.
Lire l’article de Paul Maunoury (vice-président de l’Association des Amis de Georges Duhamel et de l’Abbaye de Créteil) dans Balade en Essonne sur les pas des écrivains. Marie-Noëlle Craissati. Éditions Alexandrines.