Charles DICKENS à Paris, Boulogne-sur-Mer et Gênes

Paris, 48 rue de Courcelles.
Paris, 48 rue de Courcelles.

[À Londres, j’ai] au moins trois kilomètres de rues éclairées la nuit, pour me promener ; et un vaste théâtre pour m’y rendre chaque soir. Lettre à John Forster, Gênes, 1844.

Lecture d’Our Mutual Friend qui me rend jaloux de Dickens, mais il faut dire que les scènes où interviennent les bons sentiments sont au-dessous de tout. Il en fallait pour le public, je pense, pour le succès. Julien Green. Journal, 31 janvier 1960.

Dickens a besoin d’une ambiance pour écrire : le remue-ménage d’une auberge ou d’un salon et, au-delà, un environnement qui le nourrisse en fonction des besoins du récit. Il est surtout un citadin, et c’est la vie de la ville qui l’inspire le plus.

En 1846, à la recherche d' »environnements », l’écrivain-marcheur séjourne avec sa famille et quatre secrétaires-servantes à Lausanne, Genève et Paris.

Il a trente-quatre ans, une femme et six enfants. Il écrit des nouvelles et des romans depuis 1833. Le succès inattendu de The Pickwick Papers, dix ans auparavant, l’a décidé à tout miser sur l’écriture.

De Suisse, il fait part à John Forster, son meilleur ami, de ses difficultés pour écrire Dombey and Son, dont la parution a déjà commencé en feuilletons : ni à Genève ni à Lausanne il ne trouve pour l’inspirer l’intensité de la vie des rues d’une grande ville.

Alors que Londres l’attire par ses ténèbres et la confusion des existences, Paris, où il se dirige en novembre 1846 après Genève, le transporte par son éclat et sa lumière. Il y avait déjà été de passage en juillet (hébergé à l’hôtel Meurice, 228 rue de Rivoli) et novembre 1844, à l’aller et au retour de son voyage à Gênes en passant par Lyon, Avignon et Marseille. En décembre, en route à nouveau pour l’Italie, il s’était arrêté brièvement à Paris et avait rencontré Victor Hugo, Théophile Gautier, Alexandre Dumas, Delacroix, Alfred de Vigny.

Mais c’est entre novembre 1846 et janvier 1847 que Dickens, marcheur et observateur insatiable, prend vraiment le temps de découvrir Paris. D’abord installée à l’hôtel Brighton, la famille loue une « maison de poupée » 48 rue de Courcelles. Malgré la vie parisienne, il poursuit avec beaucoup de peine Dombey and Son, histoire d’une faillite familiale. « Je me suis mis à détester mon bureau, et suis descendu dans le salon ; ai été incapable de trouver un coin convenable ; ai sombré dans la contemplation du mois qui déclinait ; suis resté assis six heures de suite« … pour écrire six lignes… Il rencontre Eugène Sue.

À la fin de son séjour, il est rejoint par Forster, avec qui il visite les coins et recoins de la capitale.

À l’image de Londres, Paris est pour Dickens un labyrinthe qui renvoit au dédale de la vie sociale et personnelle de ses héros -et de ses lecteurs. Par la grâce de son style, il donne aux personnages et aux situations qu’il décrit un aspect encore plus réel que la réalité.

Les deux villes sont aussi le siège de régimes politiques et économiques oppresseurs qu’il dénonce imperceptiblement dans ses romans.

Si Dickens fait par la suite d’autres séjours à Paris (certains très courts, comme en février 1855 avec son co-auteur Wilkie Collins, ou en mai 1864 et en 1865, souvent pour prendre des vacances après l’achèvement d’un roman ou d’une tournée de lectures publiques), il séjourne aussi à Boulogne (1) . L’été 1853 lui fait en effet découvrir, au dessus de Boulogne, le château des Moulineaux, dont il connaît le propriétaire et où il achève Bleak House. Ses principales autres adresses parisiennes sont :
– le 49 Champs-Elysées (où est aujourd’hui situé un certain pub). D’octobre 1855 à avril 1856, il loue six petites pièces à l’entresol et au premier étage. Entre deux séances de travail sur Little Dorrit et d’autres visites dans Paris (il est en particulier frappé par la vie qui grouille autour de la Bourse), il profite de ce séjour pour rencontrer artistes et écrivains, dont Lamartine et George Sand. Dickens s’exprime dans un français accentué mais fort correct, qui fait l’admiration de ses interlocuteurs. De mai à septembre, il se trouve à nouveau au château des Moulineaux à Boulogne.
– un appartement rue du Faubourg Saint-Honoré, qu’il loue en octobre 1862.
– l’hôtel du Helder, où il occupe un appartement en janvier 1863, lorsqu’il fait à Paris des lectures publiques de son oeuvre.

(1) : En juillet 1844, les Dickens séjournent une nuit à l’hôtel des Bains in Boulogne, n°69 rue de l’écu (aujourd’hui rue Victor Hugo), avant de reprendre la route pour Albaro (devenue un quartier de Gênes), en Italie, et la villa Bagnarello. En septembre 1852, ils passent deux semaines à l’hôtel des Bains. Ils louent l’été suivant à M. Beaucourt-Mutual le château des Moulineaux, près de l’emplacement du lycée Mariette, rue Beaurepaire.

La villa Bagnarello à Gênes (source Wikipedia).

8 Comments

Ajoutez les vôtres
  1. 1
    Anonyme

    > Charles DICKENS
    c trés interessant mais ces bocoup trop long il fo apprendre a raconter que les faits les plus marquants et cela vous évitera ainsi d’ennuyer vos lecteur

    • 2
      anthony beis

      > Charles DICKENS
      Je ne suis pas du tout d’accord avec vous car il est bien de savoir qui est Charles Dickens mais c’est encore mieux de savoir comment il ecrivait.Quand j’ai lu ce texte je ne me suis pas du tout ennuyé.pour lire ce txte je pense qu’il faut avoir des conaissances sur la vie de Charles Dickens.

      • 3
        Céline Chapman

        > Charles DICKENS
        Je partage tout à fait votre opinion.Il est bien de pouvoir connaître un peu plus l’auteur pour mieux comprendre son oeuvre

        • 4
          Anonyme

          > Charles DICKENS
          En effet il est très interessant d’en apprendre plus sur l’auteur:

          cela aide a mieux cerner le contexte de l’époque

          mais également a mieux capter le génie de DICKENS dans la description des personnages (qui s’inspirent tres certainement de vrais personnages)

          et bien d’autres choses encore.

          voila pourquoi le texte me semble plutot adapté au contexte

          mais il est certain que la mise en page peut etre assez rebutante (police taille des characteres …)

          • 5
            INTEL

            > Charles DICKENS
            SLT JE TROUVE EXELLENT LE TEXTE SUR CHARLES DICKENS ET JAIME TROP OLIVER TWIST C’EST MAGNIFIQUE .

        • 6
          Anonyme

          > Charles DICKENS
          Si vous aimez Dickens, lancez-vous dans la lecture de l’extraordinaire
          étude de René Belletto sur « Les Grandes Espérances de Charles Dickens » (éditions POL).
          Bonne lecture,
          LG

  2. 7
    anthony beis

    > Charles DICKENS

    je trouve ce texte tres interressant car je trouve bien de savoir dans quels contexte ecrivait charles dickens

  3. 8
    Anonyme

    Charles DICKENS
    Je lis depuis peu mais étant adopté et après avoir lu (l’oeuvre de dieu la part du diable de « IRVING ») je me lance dans du DICKENS (je suis à la moitié de « de grandes espèrances » et je lirai « Oliver Twist ») j’aime l’histoire des orphelins cela me touche énormément et m’apprends.
    merci beaucoup pour vos renseignements,pertinents…..
    emmanuel

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