On le sait bien maintenant (et il ne s’en cachait pas à son époque), Dumas n’est pas un écrivain : c’est un co-écrivain[[Pour les derniers qui l’ignorent encore, Les Trois mousquetaires, Vingt ans après, La Reine Margot) et beaucoup d’autres n’ont pas été écrits que par Dumas, mais aussi par l’un de ses collaborateurs (en l’occurrence, Auguste Maquet pour ces trois titres).]].
Son incroyable génie littéraire consiste à planifier, organiser, réécrire, arranger des textes qu’il commande à d’autres. Pourquoi incroyable ? Parce que le résultat l’est, et parce que, si Dumas est capable de réussir une uvre seul, aucun de ses collaborateurs réguliers ne parviendra à se faire un nom en propre.
De ces collaborateurs – une cinquantaine au total pour une uvre de 300 volumes ! -, Dumas reçoit souvent l’idée première de ses aventures, de la documentation historique et un premier jet pour chaque épisode. Il réarrange le plan, réécrit souvent, propose ses idées pour l’épisode suivant.
Entre 1823 et sa mort en 1870, et entre deux voyages, Dumas est parisien. Il navigue d’une adresse à une autre (une bonne vingtaine au total) dans la capitale au fur et à mesure que ses moyens augmentent ou se réduisent, parfois pour échapper à des loyers impayés, souvent pour héberger sa dernière conquête féminine :
– Il débarque en 1823 à l’hôtel des Vieux-Augustins, rue des Vieux-Augustins (devenue depuis les rues Hérold et d’Argout), puis s’installe au 4e étage du 1 place Boïeldieu (ex-place des Italiens – plaque). Il se laisse guider dans les rues de Paris par Adolphe Leuven, son ami du château de Villers-Hélon, à une quinzaine de kilomètres à l’est de Villers-Cotterêts, et dont la famille habite alors 14 rue Pigalle. Il est bientôt un des secrétaires du duc d’Orléans, qui deviendra le roi Louis-Philippe après la révolution de juillet 1830.
– En 1824, le voilà installé avec sa mère 53 rue du Faubourg Saint-Denis (2e étage sur la rue), jusqu’à début 1829. Son premier succès dramatique date de 1829, avec Henri III et sa cour, joué à la Comédie française et qui préfigure Hernani et sa bataille, un an plus tard.
– Ce succès lui permet d’emménager, seul, 25 rue de l’Université (4e étage), où il vit jusqu’à 1831. Trois de ses fenêtres donnent sur la rue du Bac. À cette époque, il loue aussi une chambre (sans doute 7 rue de Sèvres) pour y retrouver Mélanie de Waldor.
– Il habite un 3e étage du 40 rue Saint-Lazare en 1831-33. C’est en fait le magnifique square d’Orléans, dont l’entrée se trouve à l’époque 34-36 et 40 rue Saint-Lazare (entrée actuelle : par le 80 rue Taitbout). Dumas organise ici, le 30 mars 1833, un fastueux bal costumé.
– Le voilà 30 rue Bleu de 1833 à 1837, et au 4e étage du 22 rue de Rivoli, entre 1838 et 1840.
– Ensuite, jusqu’en 1843, il réside à Florence. Lorsqu’il est de passage à Paris, il descend sans doute à l’Hôtel de Paris, 109 rue de Richelieu.
– En 1843-44, son adresse est le 45 rue du Mont-Blanc (devenue de la Chaussée-d’Antin), puis le 10 rue Joubert jusqu’à 1847.
– Entre 1845 et 1848, il séjourne également beaucoup à Saint-Germain-en-Laye, dans une villa louée rue Médicis, puis au château de Monte-Cristo, qu’il fait sortir de terre mais n’habite qu’entre mi-1847 et début 1848.
Les Trois mousquetaires viennent d’inaugurer une longue lignée de best-sellers en 1844. Jusque là, Dumas n’avait écrit que du théâtre – il continuera jusqu’à sa mort -, une école efficace pour apprendre à tailler collectivement des uvres pour le succès : lorsqu’une pièce ne plaît pas, on la réécrit à plusieurs dans la nuit pour qu’elle plaise le lendemain.
En 1845 sont publiées treize uvres, dont Vingt ans après, Le Comte de Monte-Cristo, La Dame de Monsoreau, Le Chevalier de Maison-Rouge, La Reine Margot
!
– A partir de 1848, Dumas redevient parisien, d’abord au 3 cité Trévise puis 7 av. Frochot en 1850-51. En même temps, il loue un appartement au 4e étage du 96 bd Beaumarchais pour l’accueillir avec sa maîtresse Isabelle Constant.
– De 1851 à 1853, c’est l’exil à Bruxelles pour fuir des créanciers qui, depuis le ruineux château de Monte-Cristo et les dures conséquences de la révolution de 1848 sur les succès de Dumas au théâtre, se font très actifs.
– Il réintègre Paris, à l’Hôtel Louvois, fin 1853. Il installe en même temps les bureaux de son journal Le Mousquetaire dans une aile face au restaurant La Maison d’or, 1 rue Laffitte. Il a un logement au-dessus, au 3e étage.
– Il continue de déménager : 77 rue d’Amsterdam, de 1854 à 1859, 11 rue de Vintimille en 1859.
– Ensuite, jusqu’au début 1864, il vit à Naples, où il s’engage aux côtés de Garibaldi.
– Ses dernières adresses parisiennes sont le 112 rue de Richelieu (1864), le 185 rue Saint- Honoré (1864-66), le 70 rue Saint-Lazare (1865) et le 79 (devenu 107) bd Malesherbes, au quatrième étage, de 1866 à 1870.
– À l’emplacement de l’entrée principale de la station de métro République (angle de la rue du Faubourg du Temple et du bd du Temple qui, à l’époque, traverse du nord au sud ce qui va devenir la place de la République), se trouvait le Théâtre Historique de 2000 places créé par Dumas en 1847, où il réussit un jour à soutenir l’intérêt de son public neuf heures d’affilée
et qui contribue à la faillitte qui l’exile à Bruxelles (ce théâtre sera ensuite le Théâtre Lyrique).
Autres demeures de l’auteur
Dumas est originaire de Villers-Cotterêts. Il a également vécu au château de Monte-Cristo à Port-Marly.
Quelqu’un à contacter ?
Le site de la Société des Amis d’Alexandre Dumas.
Petite bibliographie
Mes Mémoires et Quid Dumas par Claude Schopp. Editions Bouquins-Laffont.