Il part à la guerre en croyant qu’elle est juste.
Lorqu’il en revient en 1916, c’est pour – avec Le Feu, prix Goncourt 1916 – transformer un mythe glorieux et fatal en un événement horrible et stupide…
Le futur écrivain eut de bons maîtres : son père, pasteur et critique théâtral, Mallarmé, son professeur d’anglais et Bergson, son professeur de philosophie. Des prix récompensent bientôt ses poèmes et ses contes.
Catulle Mendès, son futur beau-père et grand ami, le repère, publie son premier recueil Les Pleureuses et lui ouvre les portes du monde. Barbusse collabore à de nombreux journaux et prend en main Fémina et Je sais tout. Très affairé, il n’échappe cependant pas à des insomnies et à des crises d’angoisse et de culpabilité.
En 1910, les droits d’auteur de L’Enfer, roman triste et noir paru en 1908, lui permettent d’acquérir une maison champêtre à Aumont-en-Halatte qu’il avait repérée au cours d’une convalescence chez un ami à Senlis.
Il la baptise Villa Sylvie, en souvenir de Gérard de Nerval qui fut proche voisin. Il peut désormais échapper à l’agitation parisienne qui entoure son appartement de la rue Albert-de-Lapparent. En haut du jardin commence la forêt d’Halatte. « Cette maison dont les petites pièces ressemblaient toutes à d’harmonieux coffrets tendus d’étoffe », comme la décrit Annette Vidal, sa secrétaire de 1924 à 1935, devient son refuge. Il la transforme peu à peu, y accueille ses amis.
C’est par le tambour du garde-champêtre d’Aumont que Barbusse apprend la mobilisation générale en août 1914. À quarante et un an, réformé, il se porte pourtant volontaire. Affecté à Albi, il demande à être muté sur le front. Sur le front, entre deux batailles, il rêve d’Aumont. Atteint de dysentrie, il est évacué et commence à écrire Le Feu à l’hôpital, avant d’être définitivement réformé en juin 1917.
Le « Zola des tranchées », la gloire littéraire du parti communiste à partir de son adhésion en 1923[[Il devient directeur littéraire de L’Humanité en 1926.]] – et avant Louis Aragon – consacre les années qui suivent la guerre, jusqu’à sa mort en 1935 (frappé par une pneumonie lors d’un voyage à Moscou), au militantisme et à la défense de la paix. Il accumule les créations de mouvements, de revues, de congrès internationaux contre le fascisme : le mouvement et la revue Clarté en 1919 (avec le soutien d’Anatole France, Duhamel, Dorgelès, Romains, Carco, Rolland, Paul Fort, Blum, etc.)[[La revue est basée 16 rue Jacques Callot.]], l’hebdomadaire Monde en 1928, l’Association des Ecrivains et Artistes Révolutionnaires (AEAR) en 1932 (avec Aragon, Malraux, Vaillant-Couturier, Nizan…), le Congrès d’Amsterdam la même année (qui fusionne en 1933 avec le Congrès de Pleyel pour constituer le Comité mondial contre la guerre et le fascisme, dit « Amsterdam-Pleyel », présidé par Barbusse)…
Dans les années trente, son adresse parisienne est le 105 rue de Courcelles.
Bien que pas assez communiste aux yeux des soviétiques (qui le condamnent lors du congrès de Kharkov en 1930), Barbusse continue son chemin. Il participe au congrès de juin 1935 à la Mutualité à Paris.
Le 16 juillet, il part en URSS assister au 7e congrès de l’Internationale communiste. Atteint d’une pneumonie, il décède à Moscou le 30 août. Il est ensuite enterré au cimetierre du Père Lachaise.
En phase finale de restauration, la maison d’Aumont attend de retrouver son mobilier et abrite des expositions temporaires. Seul rendez-vous fixe et ouvert au public : la rencontre qu’organise à Aumont, chaque 15 juin, l’Association Républicaine des Anciens Combattants, créée par Barbusse en 1917.
Autres demeures de l’auteur
Barbusse a également possédé la villa Vigilia au Trayas près de Miramar sur la Côte d’Azur. Fermée au public, elle n’est même pas visible de l’extérieur. L’écrivain repose au cimetière du Père Lachaise à Paris.
Pour visiter le lieu
Maison d’Henri Barbusse, 60300 Aumont-en-Halatte, tel. : 03 44 53 21 41. Téléphoner pour connaître les horaires d’ouverture. L’accès est rapide à partir de Paris, par l’A1 sortie Senlis.
Quelqu’un à contacter ?
Les Amis d’Henri Barbusse se trouvent au 2 place du Méridien, 94807 Villejuif Cédex (tel. : 01 42 11 11 21). Son secrétaire général est Jean Sirodeau. L’un de ses administrateurs est Frédéric Caby, hôte chaleureux de la maison-musée d’Aumont-en-Halatte.
À voir aux alentours
Quelques voisins écrivains :
– L’abbé Prévost à Saint-Firmin et Courteuil
– Jean-Jacques Rousseau à Ermenonville et à Châalis,
– Gérard de Nerval à Mortefontaine,
– Daniel Boulanger et Louis Bromfield à Senlis,
– Dumas et Vigny à Valgenceuse,
– Bernanos et Martin du Gard à Clermont,
– Anna de Noailles à Epinay-Champlâtreux,
– Mauriac à Vémars.
Petite bibliographie
Henri Barbusse soldat de la paix. Annette Vidal, Les Editeurs Français Réunis, 1953.
La solitude fraternelle d’Henri Barbusse, article de Jean Relinger, coprésident des Amis d’Henri Barbusse, dans Balade en Oise sur les pas des écrivains. Marie-Noëlle Craissati. Éditions Alexandrines. 1997. 88 F.
Les Cahiers Henri Barbusse sont publiés annuellement par l’association des Amis (prix 15 F.).
Barbusse, le pourfendeur de la Grande Guerre. Philippe Baudorre, Flammarion, 1995, 150 F.
Barbusse, la passion d’une vie. Jean Sanitas, Paul Markidès, Pascal Rabaté, Editions Valmont, 1996, 100 F.