« Balzac, je l’ai lu à l’âge où les petits garçons dévorent des romans d’aventure […], c’est toute une histoire ! J’avais volé la clef de la bibliothèque paternelle. Depuis si longtemps, je voyais à travers les vitres, côte à côte, sur deux rangs égaux, ces livres inaccessibles ! Mon père les aimait tant ! Il les lisait tous, je crois bien, chaque année. »
Georges Bernanos. Entretien avec Frédéric Lefèvre en 1926. In Essais et écrits de combat, t. 1, Gallimard.
Ses camarades d’école l’appelaient Berne.
La famille Bernanos achète début 1896 à Fressin une belle maison près de l’église, d’abord pour y passer les vacances, puis pour s’y établir toute l’année à partir de 1904. Le climat de la région est en effet idéal pour la santé fragile de Georges, né en 1888, et de sa mère. Monsieur Bernanos est tapissier. En ce début de siècle où cléricaux et anticléricaux s’opposent violemment, Madame Bernanos donne à Georges le goût de la religion, et Monsieur le goût de la politique… et de la monarchie… et des livres : Balzac, puis Bourget, Octave Feuillet, Barbey d’Aurevilly, Alphonse et Léon Daudet. C’est à cette demeure, à ce village et au pays d’Artois que, tout au long de sa vie de « sans domicile fixe », Bernanos reste attaché, au point qu’il y fera plus ou moins vivre tous les personnages de ses romans. Essayons de suivre sa trace :
– À la naissance de Georges, ses parents habitent 26 rue Joubert, dans le 9ème arrondissement à Paris.
– Jusqu’en 1895, la famille se rend régulièrement à Pellevoisin dans l’Indre, d’où Madame Bernanos est originaire (et où Jean Giraudoux vit entre 1890 et 1895).
– En avril 1896, les Bernanos emménagent à Neuilly, puis, en septembre 1897 à Paris, 82 rue de l’Abbé Groult et, en 1900, 8 rue d’Angoulême.
– En 1904, après quelques années scolaires mouvementées, Georges entre comme interne au collège d’Aire-sur-la-Lys, près de Fressin.
– Fin 1906, il habite chez sa soeur, 74 rue des Archives à Paris, pour suivre des études de droit… et collaborer à une revue royaliste.
– En 1908, il réside 196 rue de Javel. Dans ces années, il est également l’hôte de quelques cellules de prison, suite à ses activités avec les Camelots du Roi.
– Il emménage en 1913, 6 boulevard Arago, et délaisse le droit pour le journalisme… et pour trouver un adversaire aussi redoutable que lui en Alain, autre chroniqueur-écrivain (mais tendance radicale-socialiste).
– À partir de 1914, sa nouvelle adresse est en première ligne du front, puisque, bien que réformé lors de son service militaire, il s’est porté volontaire. La guerre et ses carnages lui font perdre ses illusions politiques. Il rompt avec Maurras et l’Action Française.
– Marié en 1917, il doit attendre fin 1919 pour emménager 3 rue de l’Université à Paris. Il redevient journaliste.
– La cessation d’activité de son journal le transforme en 1920 en démarcheur d’assurances itinérant. Il commence à écrire entre deux hôtels, dans les restaurants et les gares, le soir après sa journée de travail.
– En 1924, ses parents vendent la maison de Fressin. Pour raisons professionnelles, Georges et sa famille s’installent 47 rue des Ducs-de-Bar à Bar-le-Duc. Fin 1925 paraît Sous le soleil de Satan. L’histoire de Mouchette -ange ou démon ?- et de l’abbé Donissan fait l’effet d’une bombe.
– Pour soigner la santé de sa femme, Bernanos emmène sa famille habiter 11 promenade des Coustous à Bagnères-de-Bigorre en septembre 1926.
– Mi-1927, pour se rapprocher de Paris, il achète une maison 33 place de l’Hôtel-de-Ville à Clermont dans l’Oise, la ville de Roger Martin du Gard.
– Fin 1930, pris dans des difficultés financières, il vend cette maison. La famille part à Toulon. Ils habitent jusqu’à mai 1931 la villa sainte-Victoire, boulevard de la Martille, puis quelques semaines villa Les Algues, sur le même boulevard, puis villa Fenouillet à La Bayorre, près d’Hyères (juillet 1931 à octobre 1934). Les difficultés matérielles continuent et vont les mener en Espagne.
Autres demeures de l’auteur
L’écrivain a été enterré dans la terre du cimetière de Pellevoisin, près de Châteauroux.
Pour visiter le lieu
Le pigeonnier de Georges Bernanos, 35 rue Bernanos, 62140 Fressin. De la belle demeure aux vingt pièces qu’a connue l’écrivain (« le château noir », comme l’appelaient les gens du village), ne restent que des ruines.
Quelqu’un à contacter ?
Association Internationale des Amis de Georges Bernanos, 30 rue des Dames, 75017 Paris, www.georgesbernanos.fr
Petite bibliographie
Fressin. Pierre-André Wimet. Edité par le syndicat d’initiative de Fressin, 1988.
Un adolescent d’autrefois pour aujourd’hui : Georges Bernanos. Institution Sainte-Marie, Aire-sur-la-Lys, 1988.
Bernanos et l’Artois. Louis Léger, Mémoires de l’Académie des sciences, lettres et arts d’Arras.
Bernanos. Louis Muron, Editions Flammarion, 1996.
Les Cahiers Georges Bernanos sont édités chaque année par l’Association Internationale des Amis de Georges Bernanos, 30 rue des Dames, 75017 Paris.
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